vendredi 16 mai 2008

Les expatriés (par Thierry)

Il est temps de vous parler un peu des copains non indiens qu'on s'est faits ici. En fait, j'aurais presque pu titrer les Français, mais ce serait manqué de respect aux Suisses francophones qui nous invitent tous, une fois par semaine, à leur "pasta-party".
Commençons donc par André et Catherine. André est venu faire prof de mécanique ici, il y a vingt-neuf ans. Ils ne sont jamais repartis. Ils ont un enfant naturel, reparti manger du gruyère, et en ont adopté deux autres. Indépendants eux aussi. Or on a pu croiser chez eux un jeune homme, de type européen, tout d'orange habillé. Son fils en vacances ? Que nenni, un moine bouddhiste suisse, je sais pas trop ce qu'il foutait là. En meme temps, nous non plus on n'avait rien à faire chez lui, ce sont les autres Français qui nous ont ramenés sans prévenir Catherine et André. Mais comme ils sont de bons soixante-huitards, ils sont contents, et très acceuillants. C'est toujours un plaisir de les écouter parler de 1968 ou de l'Inde. Alors quand ils mêlent les deux, cela donne de la magie. Je vous le fais sans l'accent : "Alors, à l'Alliance Française d'ici, de Bangalore, ils ont passé une fois un vieux film des années 70, Sandrine il s'appelait. Dans le film, l'héroïne est caissière dans un supermarché, et elle se prend d'affection pour les petits vieux du quartier, et leur fait passer des articles gratuitement, sans les scanner. Et puis elle se fait pincer par ses chefs, et là elle a des ennuis. Et bien, les Indiens ils la trouvaient vraiment conne cette Sandrine. 'Pourquoi elle faisait ça ? Elle n'avait même pas d'intérêt personnel !' Alors que nous, à cette époque, on allait dans les magasins et on volait des cassettes pour les mettre à la poubelle juste à la sortie. On était contre le système, c'est tout, comme Sandrine". Néanmoins, il n'est pas du genre à raconter sa guerre, et ses pâtes bolognaises sont très appréciées.
On y va donc avec toute la clique des Français du Tata Institute, l'université de Bertrand. Elle comprend quatre Grenoblois d'adoption chimistes organistes et nano-chimistes. Par hasard, et si ça étonne les Indiens, mais c'est ça la France, ils sont tous les quatre d'origine arabe. Ici, quelqu'un qui ne ressemble pas aux autres est forcément étranger. Il y a aussi un climatologue Marseillais, une future DRH Franco-Pondichérienne et une spécialiste de la résistance des matériaux charentaise.
Je les vois moins souvent que Bertrand, mais on se croise tout de meme assez fréquemment. Hier, par exemple, nous sommes sortis manger du boeuf -j'ai découvert le Chateaubriand, une pièce très tendre et goûtue, pour 3 euros. Puis nous sommes allés boire un verre dans un pub à côté. D'autres fois nous nous retrouvons pour regarder un film, et nous passerons le week-end prochain ensemble.
Au début, j'étais plutôt réticent à m'intégrer à leur groupe, me disant que je ne suis pas en Inde pour parler avec des compatriotes. Mais en fait, le soir, plutôt que de rester seul à lire un livre ou aller sur Internet, c'est plus agréable de sortir avec eux, et on a même pas mal discuté avec des locaux dans le pub. Et comme ils sont tous vraiment sympas, et bien on peut dire qu'on a eu de la chance de tomber sur eux.

Voià donc pour nos activités hors labo-tourisme.

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