jeudi 29 mai 2008

Le cricket (par Bertrand)

Cet article sera long mais il est temps de vous présenter les règles de ce noble sport qu'est le cricket. C'est un noble sport parcequ'on peut y jouer en costard blanc sans avoir peur de salir sa veste ni de transpirer dedans, bref le cricket est un peu la pétanque anglaise.

Tout d'abord, je tiens à préciser que toute ressemblance avec le baseball n'est purement pas fortuite car le baseball n'est qu'une adaptation du cricket à la sauce américaine (ie avec des pompom girls,des frites et du coca).

Le cricket se joue à deux équipes de 11 joueurs chacune, que nous appellerons équipe bleue et équipe jaune pour ressembler à un France-Brésil. Un match se décompose en deux phases, une où l'équipe bleue batte et l'équipe jaune lance et une autre où l'équipe bleue lance et l'équipe jaune batte. Chaque phase s'appelle un inning (on dit que l'équipe qui batte est in). En général un match comporte un seul inning par équipe (soit deux en tout si vous suivez bien), mais on peut aussi jouer en deux fois deux innings, dans ce cas le match risque fort de s'éterniser sur 5 jours.

La première équipe à batter est désignée par le toss, ou pile-ou-face. Aujourd'hui le Brésil à gagné le toss et comme le pitch est en bon état ils choisissent de commencer à batter.

Le pitch c'est la partie la plus importante du terrain, un rectangle de terre battue aux dimensions indiquées sur le dessin. De chaque côté du pitch on peut voir trois points noirs, ce sont les wickets qui consistent en trois quilles (stumps) et deux planchettes (bails) en équilibre dessus.Le but du lanceur situé à un bout du pitch est de faire choir les wickets situés à l'autre bout avec sa balle. Si vous vous demandez pourquoi il y a deux wickets, un à chaque bout du pitch, c'est, comme on le verra plus tard, pour changer de sens de lancer. A chaque lancer de balle un seul wicket est "utilisé".



Le but du batteur, positionné entre le lanceur et les wickets, est de l'empêcher de renverser les-dits wickets en renvoyant la balle ou en la détournant avec sa batte.

Une autre petite précision : la balle est en liège entourée de cuir, elle est très dure, c'est pourquoi le batteur est protégé comme au hockey sous peine de voir ses os brisés(sic) et il est impossible de rattraper cette balle à la volée sans perdre l'usage de sa main.

Pour le temps de jeu il y a deux écoles : il y a ceux qui se limitent au temps, on joue pendant cinq jours par exemple. Mais cette forme de match tend à disparaître car la plupart des match déclarés sont forfaits car les deux équipes n'ont pas eu le même temps de jeu à la batte et au lancer. La deuxième solution est de limiter le nombre de lancers par équipe, typiquement à 40 balles pour un match de un jour. Sinon les équipes changent de place quand tous les batteurs sont éliminés, ce qui peut durer une éternité.

Un inning est découpé en overs, c'est une série de six lancer par un même lanceur. A l'issue de ces six balles, on change de lanceur, le suivant lançant depuis l'autre côté du pitch (d'où l'utilité des deux wickets). Vous aurez sans doute remarqué que 40 n'est pas divisible par 6, mais rappelons que ce jeu est anglais, les inventeurs des pouces, yard, miles, en somme des gens qui se moquent bien des comptes ronds.

Mais place au jeu : Ronaldo va lancer, Zidane est à la batte. Pour atteindre les wickets Ronaldo peut très bien faire un rebond sur le sol avec la balle, ça permet de donner une trajectoire plus erratique à la balle et donc de déstabiliser Zizou. La seule obligation pour Roro est de lancer la balle bras tendu et de ne pas lancer la balle trop loin de Zizou, pas de balle en cloche par exemple.
Ronaldo lance sa balle qui fait un rebond assez haut et Zidane la renvoie d'un coup de tête. Malheureusement l'arbitre siffle, Zizou prend son rouge, il est out, éliminé. Il est interdit de stopper la balle intentionnellement avec son corps, seulement avec la batte.

Le batteur est remplacé par Henry. Ronaldo lance à nouveau majestueusement la balle, avec un bel effet sur le rebond mais Henri est vif et réussit à renvoyer la balle devant lui dans le terrain. Il doit alors traverser le pitch avant que l'équipe brésilienne ne fasse tomber les wickets en renvoyant la balle dessus. S'ils attrapent sa balle à la volée il est aussi éliminé mais pas de risque vue la puissance de la balle. Henry a seulement le temps de faire un aller sur le pitch, on appelle ça un run. Si il avait eu plus de temps, il aurait pu retraverser, puis repartir et ainsi de suite, chaque traversée comptant pour un run (et par la même, un point). En même temps que lui, Ribéry, qui se trouvait à côté de Ronaldo, et donc à la place qu'occupe actuellement Henry, a lui aussi traversé le pitch. Il affronte maintenant Ronaldo.
En fait il y a deux batteurs à chaque bout du pitch et ils se croisent quand ils courent, ainsi il reste toujours un joueur en face du lanceur.

Ronaldo se retrouve maintenant contre le milieu de terrain du Bayern. Franky renvoie lui aussi la balle mais plus loin cette fois, tellement loin qu'après quelques rebonds la balle sort des limites du terrain. Rib' n'a pas besoin de courir, car il marque automatiquement 4 runs. S'il avait envoyé la balle directement, ie sans rebond, à l'extérieur des limites (boundary) il aurait marqué 6 points. Quel dommage.



Cette fois Ronaldo use d'une autre technique, et Ribéry manque laballe, il ne la touche pas. Mais heureusement pour lui la balle évite aussi les wickets et elle est récupérée un peu plus loin par le goal (wicket-keeper).Le jeu continue.
Ronaldo réitère mais cette fois sa balle est détournée. Ribery et Henry traversent le pitch mais voyant que les Brésiliens sont en position de faire tomber les wickets ils ne tentent pas le retour. Ils marquent alors un run.
Ronaldo se retrouve à nouveau contre Henry pour son cinquième lancer. Cette fois Henry rate la balle avec sa batte mais malencontreusement il la détourne avec sa jambe. Le geste n'est pas intentionnel mais l'arbitre(umpire) juge que si Henry avait été cul-de-jatte, la balle aurait renversé les wickets, étant donné sa trajectoire. Henry est out et quitte le terrain, remplacé par Cissé.
Après avoir vu sa dernière balle détournée par Cissé, sans pour autant concéder un run, Ronaldo est remplacé par Fred qui lance contre Ribéry qui est bien frais.

Mais laissons là ce match qui finira on le sait bien à 3-0, au bout de cinq jours de match et dix pauses pour prendre le thé.



J'espère que vous pouvez maintenant regarder un match de cricket et tout comprendre, moi en tout cas je n'y arrive pas.

mercredi 28 mai 2008

Ramayana, Episode II (par Bertrand)

Aujourd'hui, le Palmier d'or du festival, la suite du Ramayana, rempli d'effets spéciaux à vous couper le souffle et l'herbe sous le pied. Sita vient de se faire enlever par le bandit de grand-chemin, démon à ses heures, Ravana. Rama et Lakshmana sont désemparés. Que va-t-il leur arriver (remarquez les phrases judicieusement sélectionnées dans le seul but d'accroître le suspense déjà à son comble) ?

"Ravana vient d'enlever Sita et alors que Rama est son frère sont désemparés ils se demandent qu'est-ce qui va leur arriver.
Ils croisent alors un sage qui leur explique qui est Ravana.
A l'origine le démon à fait une ascèse. Récompensé pour sa bravoure et son courage, Brahma lui octroya le pouvoir de ne pouvoir être tué ni par un dieu ni par un démon (Brahma doit avoir des droits à Bollywood car sans lui l'histoire aurait été faible). C'est pourquoi Vishnu a décidé d'apparaître sous la forme de Rama son avatar. Il explique aussi qu'un jour Lakshmana a coupé les oreilles d'une démone et que celle-ci était la soeur de Ravana qui a voulu se venger en enlevant Sita. Pour venir à bout de Ravana il leur conseille d'aller voir Sugriva le roi des singes.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Ils demandent audience à Sugriva. Celui-ci accepte de les aider s'ils le débarrassent de son frère qui a usurpé son trône. Rama et Lakshmana se débarrasse du frère qui était cruel au passage, ce qui rend leur acte louable. Sugriva offre alors ses services à Rama en la personne d'Hanuman, son général en chef. Hanuman ne vient pas de la même planète que Chewbacca, malgré les apparences, c'est un acteur de la Planète des singes qui s'est reconverti.



Toujours est-il qu'Hanuman est un grand fan de Rama et il se propose pour partir à la recherche de Sita.
Après un mois de recherche, Hanuman découvre que Ravana se cache dans son royaume qui se trouve sur l'île de Ceylan (Sri Lanka). Merci aux pagesjaunes.fr très utile pour trouver les boulangeries, coiffeurs et autres démons dans sa région.

Cependant il lui faut franchir le détroit de Palk pour retrouver Sita (vous pouvez regarder sur une carte c'est trop long pour faire un pont). Comme ouvrir la mer aurait coûté trop cher en copyright, Hanuman préfère se transformer en géant et sauter par dessus l'eau, un solution élégante. Hanuman arrive alors devant la porte du château. Mais le gardien n'est pas aimable c'est là son moindre défaut. Hanuman est obligé de l'occire.
Il découvre bientôt où est maintenue Sita et lui montre une bague que lui a donnée Rama pour s'identifier auprès d'elle. Après 10mn de marchandage il réussi à l'échanger contre un collier de Sita. Comme l'histoire à aussi une teneur dramatique, Sita refuse l'aide d'Hanuman, elle préfère que Rama vienne la libérer avec toute son armée. Les femmes sont toujours impressionnées par de telles démonstrations de force.

Hanuman retourne donc bredouille auprès de Rama. Ils préparent une armée de singes pour venir à bout des démons et de leur armée d'orcs (oui les figurants n'avaient pas eu le temps de se changer entre les deux tournages).
L'armée arrive devant le détroit de Palk. Pour montrer à Hanuman qui est le plus fort, Rama crée alors un pont magique entre les deux rives (ça vous épate, qui a dit qu'on ne pouvait pas construire un pont, hein qui ?).
S'ensuit un combat dantesque qui se déroule en trois temps : Au début les singes sont les plus forts, puis Ravana envoie son frère Indrajit qui est invisible et qui tue nombre de gentils, jusqu'à ce que Lakshmana en vienne à bout. Dans le feu de l'action Lakshmana est blessé, il va mourir s'il ne prend pas une herbe médicinale qu'on ne trouve que sur le Mont Kailash. Hanuman se rend donc là-bas, il cherche l'herbe et comme il ne la trouve pas, il demande au producteur s'il reste de l'argent pour un dernier effet spécial, celui-ci d'acquiescer et Hanuman de soulever la montagne en entier pour l'amener à Lakshmana.



Juste à temps pour sauver Lakshmana et rassurer Rama qui était devenu bleu de peur.
Il ne reste plus alors que Ravana à tuer mais Rama ne peut-en venir à bout. Celui-ci est bien trop fort et au bout de deux jour de close combat, Rama sent ses forces le quitter." FIN DE L'EPISODE II (mais quel suspense me direz-vous)

Comment Rama viendra-t-il à bout de Ravana ? Pourra-t-il sauver Sita ? Hanuman est-il l'élu qui contrôle la matrice ? Le producteur aura-t-il assez d'argent pour financer la fin du film ?

Toutes ces questions trouveront une réponse dans la suite, 'Ramayana Episode III', mais vous apprendrez aussi qui a volé l'orange du marchand, comment on fait des bébés et surtout l'âge du capitaine. Restez à l'écoute.

Blog de Martin Vidberg (par Thierry)

Ca s'appelle L'actu en Patates, visible sur http://vidberg.blog.lemonde.fr Je le trouve très drôle, je publie ici quelques uns de ses derniers dessins. Les textes en dessous sont de lui. Faites-y un tour !

Pour les légalistes, Martin Vidberg est d'accord pour ce genre de publication, tant qu'elles ne sont ni commerciales ni régulières.

Sarkozy et la caricature

Sur le plateau de “Dimanche+”, Catherine Pégard, la conseillère politique du Président a confirmé que Nicolas Sarkozy acceptait la critique mais pas la caricature. Je suppose, j’imagine, j’espère qu’il s’agit de caricatures politiques ou journalistiques et non des humoristes dont on n’apprécie jamais vraiment d’être la cible mais qu’il serait mal venu de condamner.

Sinon… ben sinon tant pis pour lui, ça va lui paraître long 4 ans :)

Cérémonie de clôture

Aujourd’hui, une petite “rediffusion” d’un dessin réalisé l’an passé à l’occasion de la clôture du festival de Cannes.
Le glamour, la magie du cinéma, un petit avant-goût d’été, même si je ne vois aucun film, j’ai toujours suivi avec plaisir les petits évènements du festival. Pourtant cette année, je n’ai pas réussi à m’y intéresser. Il n’y a aucune raison que je pourrais expliquer, c’est même paradoxal puisque je n’ai jamais autant suivi l’actualité. Je me contente donc de réactualiser ce vieux dessin :)

Vocabulaire du tennis

Un dernier pour la route

Voilà c'est tout pour ce post, et bonne rigolade sur son blog.

Khôte clochard reloading (par Thierry)

Comme dit dans l'article de Bertrand, le trajet Coorg-Bangalore est court. Arrivée donc à 4h00 lundi matin à la gare de bus. Arrivée au Raman Institute à 4h30. Arrivée prévue dans mon lit à 4h32. Echec mission. La porte qui donne sur le hall était fermée de l'intérieur, avec un loquet que ma clé ne pouvait ouvrir. La sécurité n'a rien su faire non plus, les mecs de la cantine qui nettoient les chambres encore moins. A part tambouriner comme des malades sur la porte, sans succès. Du coup, je suis allé dans mon labo, pensant faire la relève de la garde de la chambre à vide. Raté, c'était au tour de deux filles, qui ne pouvaient pas trop rentrer seules la nuit. De retour devant la porte, quelqu'un l'avait ouverte. J'ai pu dormir dans mon lit.

Hier, retour dudit tour de garde vers 23h. Porte à nouveau bloquée. Puisque la veille ça avait marché, j'ai tambouriné très fort et très longtemps. Sans succès cette fois là. Du coup, aware du problème, ils m'ont ouvert une chambre d'une autre guest house.

Ce matin, porte de ma guest house ouverte.

On verra ce soir, mais je pense qu'ils vont faire quelque chose, ça pourrait commencer à en énerver certains (moi, ça va, pour l'instant je le prends à la rigolade).

Au fait, pour ceux qui ne comprennent pas le titre, à Polytechnique il existe en fin d'année une remise d'une vingtaine de prix nommés "khôtes". J'ai été élu pour la khôte clochard, qui signifie "dort n'importe quand, n'importe où".

Prochaines nouvelles bientôt.

mardi 27 mai 2008

Coorg et thé (par Bertrand)

Nous avons profité de ce weekend pour aller à Mercara, dans le district de Coorg (prononcer Courgue), dans les montagnes du Karnataka, au sud-ouest de Bangalore. Le voyage durait 5h, ce qui nous a fait arriver à Mercara à 4h45 samedi matin, juste à temps pour voir le lever du soleil. C'est classe mais ça fait quand même un peu tôt. On était huit en tout : Thierry et moi, Elodie, Anitha, Lucie, Rachid, Kamel et Nico.

Après avoir épluché les hotels du Lonely Planet sans succès, on a trouvé une agence de tourisme qui nous organisait le weekend et trouvait une maison d'hôte pour dormir. C'était vraiment un heureux hasard pour nous. La maison se situait dans les faubourgs de Mercara (dans la campagne quoi). C'était une maison bleue adossée à la colline. Nos hôtes étaient très aimables, la femme cuisinait pour nous (c'était bien bon même si un peu trop copieux) et le mari nous a accompagné au trek du dimanche.



Le samedi, un taxi nous a promené dans les endroits à voir : une réserve d'éléphants, un parc en bambous et un village tibétain.
La réserve d'éléphants n'était pas très grande, on a traversé une rivière en bateau, on a vu un éléphanteau et deux éléphantes faire leur toilette (c'est toujours impressionnant de voir des éléphants !), puis on a esquivé la balade à dos d'éléphant et on a retraversé la rivière en passant sur les galets. Cette rivière était remplie de crocodiles, enfin c'est ce qui était écrit sur un panneau...
Le parc était un jardin d'enfants, tout en bambou, avec des cabanes, un pont en liane, des balançoires et des cervidés à caresser.
Enfin le village tibétain. En fait des migrants tibétains se sont installés là dans les années 60 et le gouvernement du Karnataka leur a donné 7 ha pour eux. Ils ont alors construit un complexe de temples bouddhistes, appelé Golden Temple car la plupart des sculptures et toits sont plaqués or. Un temple tibétain ça change pas mal des temples hindous. C'est plus grand, plus coloré mais la pierre est bien moins travaillée. Ils préfèrent la peinture à la sculpture. Et bien sûr il y a des Bouddhas, en or en plus. En plus des photos qu'on a prises, vous pouvez admirer l'intérieur des temples sur ce site.



Le lendemain on se levait à 6h pour un départ 7h pour un trek dans les montagnes. Cependant à 7h on apprend qu'en fait on part à 9h. Ca fait plaisir de se lever tôt...
Pour le trek, on prend le bus. C'est un bus fait, je pense, pour les gens qui travaillent dans la montagne car il n'y en a que deux par jour, un qui nous amène à 9h et un autre qui nous ramène à 17h.
On a marché dans la montagne, à travers les plantations de café, mais on n'a pas vu de plantations de thé (en fait le titre de l'article est un jeu de mot légumineux, rigolo non ?) car le thé est plus difficile à entretenir, du coup ils sont spécialisés dans le café (qui est vraiment doux et bon).
On a pu admirer la vallée dans la brume, on a goutté du miel artisanal (lui aussi doux et délicieux) et enfin on s'est baigné dans la rivière.

On a aussi fait connaissance avec quelques habitants de la forêt : les sangsues. Thierry et moi n'avons pas échappé à leur soif de sang frais. Même si leur morsure est indolore et parfaitement inoffensive (les sangsues sont nos amies, elles aident à fluidifier le sang et ne transportent aucune maladie, sauf en Afrique qui n'a décidément pas de chance), la substance anticoagulante qu'elles nous inoculent donnent à la plaie une allure sanglante. Et puis quand on sait que la sangsue se nourrit pendant six mois avec le sang absorbé, on se dit que ça vaut le coup de donner son sang.



Ce weekend était l'occasion de voir la campagne indienne, de voir comment vivent les gens dans les montagnes. Bien sûr cette région de l'Inde est riche (l'état du Kerala à 50 km de là est le plus riche d'Inde) mais quand même ça donne une idée. La plupart des maisons ont l'électricité, quasiment tout le monde à un téléphone portable, plus pratique que le fixe. De plus les routes sont en assez bon état, goudronnées; il y a vraiment beaucoup de bus, des bus inter-villages mais aussi des bus de ville, qui permettent par exemple de se rendre dans la montagne. C'était aussi le cas à Udipi la semaine dernière. Ensuite il y a énormément de cultures : café, banane, mangue, riz, maïs. Vraiment ce coin de l'Inde ne paraît pas trop sous-dévéloppé (à l'exception de la présence de nombreux mendiants et sans-abris). Ca n'a rien à voir avec la Guinée. Mais il paraît que la vraie misère est dans le Nord et dans les grandes villes. On la verra bien assez tôt.

En attendant jetez un oeil sur les photos : http://picasaweb.google.fr/getzze/Coorg

Des relations suisso-indiennes (par Bertrand)

En réponse aux commentaires de nos lecteurs helvètes et grenoblois sur la ponctualité, je voudrais raconter une anecdote d'André, le Suisse chez qui on va manger dans mon université, ça parle de la ponctualité suisse et du fait que les Indiens n'ont pas l'habitude de s'éterniser après les repas et donc qu'ils discutent avant de manger, alors qu'on a plus l'habitude de discuter autour du café :

L'histoire se passe en Suisse où un couple d'Helvètes avait un jour invité un couple indien, en visite à Genève, à dîner pour 19h.

Les Suisses sont très ponctuels, ils attendent donc leurs hôtes pour 19h pétantes.

Pendant ce temps là les Indiens se disent que ça ne se fait pas d'arriver en avance donc ils attendent 19h passées.

Arrivé 19h30, les Suisses commencent à s'inquiéter,"Mais qu'est-ce qu'ils font, la fondue va être froide, on devrait peut-être les appeler"

A 20h nos Indiens sonnent à la porte, avec des petits bonbons en guise de présent.

Les Suisses les accueillent à bras ouverts et passent à table directement car il commence à se faire tard (et la fondue est déjà toute froide).

Après le repas, les Indiens, comme à l'accoutumée, quittent la table et disent au revoir à leurs hôtes.

Résultat : un incident diplomatique.

Les Indiens se disent : "Ils sont quand même gonflés ces Suisses, quand on arrive ils n'ont pas l'air contents de nous voir, on ne discute même pas et on passe directement à table. On n'ira plus chez eux, ce n'est pas intéressant."

Les Suisses pensent : "Alors ces Indiens, ils se pointent avec une heure de retard et à peine le repas terminé ils s'en vont. On n'a même pas le temps de discuter. C'est la dernière fois qu'on les invite."

samedi 24 mai 2008

Quel temps fait-il sur Bangalore (par Bertrand)

Depuis mercredi, tous les soirs, immanquablement, vers 17h, il commence à pleuvoir.
Celà dure jusqu'à la nuit tombée. Je ne sais pas si on peut appeler ça la mousson, puisqu'elle est sensée commencer en juin, mais en tout cas c'est un peu pénible.
On espère que ce weekend on aura du beau temps quand même, entre la canicule de 11h à 16h et la pluie de 17h à 22h...

Photos de Mysore

J'ai récupéré les photos de Mysore d'Elodie, elles sont visibles ici :

http://picasaweb.google.com/getzze/Mysore2

vendredi 23 mai 2008

Après la proxémie, la proximité (par Thierry)

Partout c'est pareil. Dans toutes les campagnes. Comme si toute l'Inde était au courant qu'on avait tourné dans un film local, même un mois avant le tournage. Les enfants nous demandent des stylos, du chocolat, de l'argent et de l'eau (c'est le quarté gagnant dans l'ordre). Les adultes si on apprécie leur pays. Les serveurs si on aime la nourriture qu'ils nous servent. Des pêcheurs nous proposent de monter sur leur bateau. Et tous, grands comme petits, en âge comme en taille, notre prénom et notre pays d'origine, et, souvent aussi, de les prendre en photos pour qu'ils puissent se voir (quel beau progrès la technologie numérique...), ou, se prendre en photo parmi nous avec leurs téléphones portables. Au début, ça surprend un peu. On se dit tout de suite qu'ils n'ont jamais vu de Blancs, qu'on leur fait le même effet que si un chef indien d'Amérique débarquait avec toutes ses plumes en Europe. Mais non, parce que dans les campagnes près des lieux touristiques, comme Hampi, le même succès nous foudroie. Peut-être veulent-ils tous nous soutirer de l'argent, en tentant une approche douce ? Soit leur méthode est tellement douce qu'inefficace dans 95 pourcents des cas, soit ce n'est pas la bonne hypothèse. Je penche bien sûr pour la seconde proposition.

Après observation et réflexion, on a l'impression que c'est juste que la société indienne ne connaît pas le gêne. Quand on y pense, les Français, surtout les gamins, sont assez curieux de savoir de quel pays vient un Asiatique, un Sud-Américain ou un Arabe. Ici, c'est pareil, sauf qu'ils osent demander. Pareil dans les restaurants, si on peut faire un sondage sorti des tables, et que ce n'est pas mal perçu, et bien ça arrange tout le monde. En France, les gens ne se parlent librement que quand quelque chose les rapproche, qu'ils vivent tous la même chose : stades de foot, manifestations, cérémonies religieuses, fête et quelques verres d'alcool partagés, etc...C'est d'ailleurs une des raisons pour que ces phénomènes de masse attirent tant de monde. Ici, pas d'alcool nécessaire pour briser la timidité, la santé publique ne s'en porte pas plus mal. De la même manière, ils n'hésitent jamais à demander l'aide de quelqu'un.

Mais pour que ce système fonctionne, m'objecterez vous, il faut que les Indiens acceptent de fournir de l'aide. Et bien sûr, c'est le cas. En ce moment, il faut surveiller cette pompe à vide, et les tours de garde s'organisent difficilement, non pas par manque de personnel, mais presque par abondance : quelqu'un qui s'était proposé pour un créneau et a subitement autre chose de prévu n'hésite pas à se désister, et du coup le copain, qui avait prévu de se reposer au lieu de venir viendra sans rechigner. Mais donc on ne peut pas trop se fier au planning prévu à l'avance, il change sans cesse. Par exemple, mercredi soir on m'a appelé d'urgence, et au lieu de faire la nuit, je viens de faire le créneau du matin. C'est pas trop dérangeant, mais plutôt surprenant.

J'ai l'impression que la société indienne a compris que la maxime préférée des Français de droite, "la liberté de quelqu'un s'arrête là où commence celle d'autrui" est parfois un peu excessive : si, en donnant un peu du sien, voire un peu de sa liberté, on aide beaucoup quelqu'un, il ne faut pas hésiter. De même, en désaccord à l'autre morale "ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'autrui te fasse", je veux bien me faire tirer les cheveux si ça fait très plaisir à quelqu'un, et donc celui qui veut me tirer les cheveux peut me le faire, si vraiment ça lui chante (s'il me demande la permission, c'est tout de même mieux). Et ici je veux bien donner une minute de ma vie pour faire une photo. En France, entre jeunes du moins, on accepte plus facilement un gentil perturbateur si ce dernier est émêché, parce qu'on comprend que crier ou te chatouiller l'amuse beaucoup. Ici, pas besoin que les autres aient bu quoi que ce soit pour qu'on accepte de se faire crier dans les oreilles ou chatouiller. Décidément, puisque les Indiens n'ont pas besoin de boire pour vaincre la timidité, ou pour avoir le droit de faire le con, je comprends qu'ici la jeunesse éduquée ne boive pas (l'alcool pour oublier, c'est un autre problème).

Ce système d'aide perpétuelle a tout de même quelques abus, dont, notoirement, l'incapacité à faire quoi que ce soit tout seul. OK, c'est plus sympa de bosser à deux, OK, souvent on bosse souvent plus vite que deux fois plus vite avec l'aide de quelqu'un, mais ça a des contre-exemples, comme toute bonne théorie. Par exemple quand il faut porter une charge de quinze kilos. Là, mission impossible tout seul, et ils me traitent de fou si je m'y colle rien qu'avec mes deux bras (et je crois bien que c'est pareil chez Bertrand). De même les agents de sécurité (ça fait bizarre de les appeler comme ça, tellement ils sont tous maigres) sont toujours à deux, mais ça ça peut avoir un côté positif : ça doit diminuer les chances qu'ils ronquent.

Autre limite, même si ce n'est pas forcément lié : l'incapacité chronique à faire la queue. Ca bouscule, ça passe en force. Le pire étant pour monter dans les bus, là il faut être fort,ou alors grimper juste à temps sur le marchepied, la moitié du corps dehors, le vent dans les cheveux, la meilleure place. Au début, ça partait peut-être d'un bon sentiment, de laisser passer quiconque pressé. Mais ça a un peu trop dégénéré.

Tout ça pour dire que ce côté de la société me plaît bien, en balance au plus grand individualisme de nos sociétés. Dans le livre que je lis (A suitable Boy, soit en français Un Garçon convenable), tout ragot a fait le tour de Bramhpur en trois jours. Ca a du pénible, mais c'est aussi une forme de régulation sociale, qui doit un peu refroidir les parents avant de battre leurs enfants. Et c'est tant mieux.

Tout ça c'est du boulot (par Bertrand)

Puisqu'il pleut des chiens et des chats et que je suis bloqué au labo, je vais en profiter pour parler de mon stage, de ce que je fais. C'est pas très rigolo si on le vit pas mais bon...

Mon tuteur, Anil Kumar de son vrai nom, est vraiment bien il a décidé de me faire découvrir tout ce que son labo permet de faire, du coup je n'ai pas un seul projet innovant mais plusieurs petits projets pas très durs mais qui me permettent de me familiariser avec les instruments. Par exemple mon premier travail était de mettre des électrodes d'argent sur des pastilles d'oxyde de fer, puis de mesurer l'impédance sur une machine dédiée. Ces mesures permettent de connaître la taille des cristaux ainsi que leur agencement chimique interne. Pour expliquer les courbes il y a toute une théorie (théorie de relaxation des diélectriques) que je ne connaissais pas et que j'ai dû comprendre en parcourant internet. C'est mieux que de nous donner directement la théorie et les courbes, c'est plus de la recherche.
Et finalement c'est un peu ce qui me manquait, de la recherche. Avant on avait des cours où on nous présentait une théorie, on faisait des calculs puis on comparait avec des données expérimentales obscures. Alors que souvent ceux qui ont formulé ces théories ont fait le chemin inverse. En partant des données et en faisant varier divers paramètres, ils ont élaboré une théorie consistante permettant d'expliquer les résultats. On se rend alors compte que la théorie n'est pas la vérité mais un modèle plus ou moins bon. Mais ça c'est bien connu.

Mon deuxième travail, sur lequel je suis en ce moment, consiste à fabriquer un oxyde de fer bien particulier, la magnétite et de regarder ses propriétés. Pour l'instant j'en suis à la fabrication et ça me fait renouer avec la chimie que j'avais abandonné depuis 3 ans avec regret. Car la chimie c'est rigolo. On dose, on chauffe et ça donne ce qu'on a demandé.
Du coup je suis obligé de ressortir les cours de Spé, l'oxydation des métaux (avec l'aide de mon frère, ça le fait réviser) et je peux enfin voir concrètement ce que donnent les équations qu'on a étudiées jadis. Encore une fois c'est rigolo.

Et sinon il y a le fil rouge du labo : la chambre à vide. On s'y remet de temps en temps, avec plus ou moins d'acharnement. On change souvent deux ou trois fois les pièces parce qu'on n'a pas de plan. On attend une semaine que des pièces arrivent. On cherche une soirée entière des fuites dans le dispositif. Maintenant que je sais qu'il ne faut pas être pressé je prend ça à la rigolade.

Enfin voila, mon stage se poursuit tranquillement avec pour mot d'ordre : Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.

Ramayana, Episode I (par Bertrand)

Nous avons le plaisir de vous présenter aujourd'hui 'Ramayana' , une superproduction en sélection au festival de Canne à Sucre, dans la catégorie Epique.
Cette production bollywoodienne riche en rebondissements et en émotions fortes vous dépeindra la vie et l'épopéede Rama, 7e avatar de Vishnu.
Place au spectacle :


"Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine....
Le roi indien de la province d'Ayodhya était très malheureux, parce qu'il n'aimait pas le chou. L'aversion de ce bon roi (car il était bon) pour le chou lui venait d'un conseil de son grand vizir qui lui avait dit que les enfants naissaient dans les choux, et comme le roi, que nous appellerons roi Dasaratha pour rester fidèle à l'histoire, n'avait pas d'enfants, il avait décidé de ne plus manger de chou, ce qui le privait du même fait des délicieuses choucroutes aux saucisses d'éléphant.
Ce bon roi (car il était très bon) avait pourtant trois femmes mais aucune ne lui avait donné de progéniture. Alors que le roi s'apprêtait à aller chercher une autre épouse plus féconde, un sage, qui n'avait pas de sage que le nom, émit l'hypothèse que peut-être c'était un peu de la faute du roi. Le roi Dasaratha, piqué au vif car sa moustache n'était d'aucune utilité (voir post sur les moustachus), décida d'en parler aux dieux. Ceux-ci, dans leur grande bonté (car ils étaient tout aussi bons que le roi), lui donnèrent un fruit qu'il devrait donner à ses trois femmes. Le soir même les épouses se préparèrent un bon cassoulet aux noix de cajou et au curry pour accompagner le fruit. Ce fruit était vraisemblablement soit un OGM, soit mal lavé, car les trois femmes tombèrent enceintes aussitôt.
Ainsi naquit le petit Rama, aîné de la fratrie, ainsi que ses frères, Lakshmana, Shatrugna et Bharat. Le roi était très content et nomma Ramacomme son héritier.

Rama et son frère Lakshmana aimaient bien se balader, dormir sous les ponts, parcourir le monde et ainsi un jour ils arrivèrent dans un royaume où se tenait un concours. Ce n'était pas un vulgaire (quoiqu'appréciable) concours de pesée de jambon, non, le lot à gagner était la main de la fille du roi local, et comme les Indiens ne sont pas des bouchers ils donnaient la fille en cadeau en même temps que sa main. La donzelle reviendrait à celui qui pourrait bander (...) l'arc de Shiva.
Mais personne n'avait réussi, pas même le roi Arthur qui n'était pourtant pas un gringalet. Alors Rama pris l'arc, et le tendit si fort qu'il le brisa. Il gagna alors le concours et le coeur de la princesse Sita.
Après le mariage, célébré dans la plus stricte intimité car la presse suivait le mariage de Carla Bruni pendant ce temps là, Rama emmena sa jeune compagne chez lui, au royaume d'Ayodhya. En chemin leur diligence est attaqué par Parashuram, qui n'est autre que le 6e avatar de Vishnu, celui-la même qui a exterminé 21 générations de princes. Il en veut à Rama d'avoir cassé l'arc de Shiva car il coûtait la peau des fesses et propose à Rama un duel : celui qui tire le plus loin une flèche avec un autre arc magique, l'arc de Vishnu, sera désigné comme le plus fort entre l'éléphant et l'hippopotame. Dans sa grande indulgence (car il nemanque pas d'indulgence), Parashuram offre à Rama le droit de tirer en premier. Rama prend l'arc avec une flèche et le pointe vers le coeur de Parashuram. Sous la contrainte celui-ci reconnaît alors que Rama est son successeur (et donc le 7e avatar de Vishnu) et il se rend compte aussi que Sita est l'avatar de Lakshmi, la femme de Vishnu, et que Lakshmana est l'avatar d'Ananta, le serpent de compagnie de Vishnu (toute la famille est réunie). Rama tire alors sa flèche en l'air, on raconte qu'elle n'est pas retombée depuis (mais je me permets d'en douter).

De retour auprès du bon roi Dasaratha (car il est toujours aussi bon), Rama apprend qu'il doit être couronné bon roi et qu'il y a un grand festin en son honneur avec de l'orang-outan farci au riz et au gingembre et des côtelettes de tigre du Bengale à la noix de coco.
Mais un complot de l'axe du Mal va bientôt mettre un terme à ce bonheur fragile. En effet, la mère de Bharat veut mettre son fils sur le trône à la place de Rama car sa servante, qui est un suppôt de satan, l'a hypnotisée, ceci par pure méchanceté (et pour les besoins du film). Or cette reine a le droit de formuler deux voeux auprès de son bon époux (qu'est-ce qu'il est bon) car elle lui a jadis sauvé la vie. Ses voeux sont que Bharat soit roi et que Rama soit expulsé 14 années du royaume, sans passeport ni titre de séjour.
Le bon roi (quelle bonté irradiante) est désemparé car il aime beaucoup Rama mais ne peut trahir sa parole. Rama voyant le dilemme de son père choisit alors lui-même l'exil et cède le trône à son frère, dans sa grande bonté (et car il est très con).

Ainsi Rama est exilé, avec sa femme Sita et son frère Lakshmana qui l'accompagnent.
Un jour que Sita cueillait des fraises des bois pour faire un ragoût d'écureuil aux épices, un vieil ermite l'aborde. Ne se méfiant pas une seconde, elle est capturée par l'ermite qui était en fait un démon à dix têtes du nom de Ravana. Celui-ci l'enlève, laissant Rama et Lakshmana abasourdis." FIN DE L'EPISODE I (alors que le suspense est devenu insoutenable)



Qui est ce Ravana qui enlève impunément les princesses indiennes ? Rama est-il vraiment l'avatar de Vishnu ? Quand est-ce que Lakshmana va mourir, car il est l'ami du héros et son seul but est donc de mourir ? Pourquoi les méchants embêtent tout le temps les gentils ? Mais que fait la police ?

Tout ça vous le saurez dans 'Ramayana, Episode II', bientôt sur vos écrans.

Proverbe indien, à Matth

"Tiens-toi à sept pas de l'éléphant, à dix du buffle, à vingt d'une femme et à trente d'un homme ivre."

Des fois trente pas ne suffisent pas pour échapper aux hurlements d'un homme ivre...

mercredi 21 mai 2008

Pourquoi, Maman, pourquoi ? (par Thierry)

Chère Maman,

je vais toujours bien au pays des mangeurs de piment. Les garçons sont gentils, ils me font la passe au foot, et ça, c'est quand même gentil. Les filles, je sais pas trop, elles s'habillent bizarrement. Tu m'as toujours dit que les filles comme ma cousine Rachel qui s'habillent en montrant leur nombril finiraient mal, et bien alors celles d'ici, et bien tu serais pas inquiète pour elles. Elles s'habillent en couvrant chaque centimètre carré de leur corps, malgré la chaleur à mourir. Ca doit être des filles bien. Mais je leur parle pas, même si elles sont bien, ça reste des filles et elles aiment pas le foot et elles veulent toujours me pincer.

En plus, tous les vendredi, je pars en classe verte avec des copains, mais sans la maîtresse. Et c'est super bien, on saute sur les lits pendant toute la nuit ! J'ai même cassé une latte une fois, mais chut, je l'ai cachée dans les chaussures de mon copain Bertrand, pour faire une blague comme ma star Francky Béry, tu sais, le joueur de foot qui a une toujours une griffure sur la joue. Si les filles pouvaient griffer au lieu de pincer, j'aurais plus mal, mais au moins je ressemblerais à Francky Béry. On rentre de la classe verte le lundi matin, et on est fatigué comme Papa quand il rentre du travail. Sauf que nous c'était pas du travail.

Non, Maman, si je t'écris, c'est que il y a quand même des choses qui vont pas : comme Papa a toujours dit, pas de nouvelles, bonnes nouvelles, et donc, nouvelles, mauvaises nouvelles. C'est juste que il y a des méchants qui sont venus dans ma chambre hier matin. Je les ai reconnus, c'était les monsieurs de la cantine, c'était facile , ils avaient oublié de changer de déguisement. C'est comme si moi j'étais allé à deux carnaval d'affilée avec le maillot de Francky Béry de Marseille. Et bien non, j'avais changé cette année, j'ai mis celui du Bayern. Et toc ! Et les méchants ils avaient dans la main des assiettes que moi j'avais jamais vues avant, et un oignon, de quoi faire aussi peur que sur la photo.

Je comprends vraiment pas ce qu'ils me voulaient. Peut-être me faire pleurer, peut-être me jeter les assiettes à la figure, je sais pas. Et comme ils parlent pas ma langue, j'ai rien compris à ce qu'ils disaient. J'ai eu pas trop peur, mais surtout, j'ai pas compris ce qu'ils voulaient.

Je te fais des gros bisous, Maman, je t'aime, tu fais bien à manger, tu pourrais-pas m'envoyer un peu de boudin par la Poste s'il te plaît ?

Fait aussi un bisou à Mamine de ma part,

Thierry

C'est parti (par Thierry)

Je poste à 8h du matin, après avoir pris autant de temps pour éplucher finement lemonde.fr et lequipe.fr qu'il en faudrait pour éplucher trois potimarrons en entier, en plus j'ai parcouru un certain nombre de blogs couvrant l'élection présidentielle américaine (c'est rigolo, en ce moment Barack Obama hésite entre achever la bataille des primaires, quitte à y laisser des plumes et de l'argent, ou à se lancer à l'assaut de Mc Cain. Ce dernier est très moche soit dit en passant, à l'inverse d'Obama, les vieilles dames un peu séniles devraient faire leur choix vite fait). Ceux qui me connaissent savent que c'est pas trop dans mon habitude de me lever si gratuitement tôt, d'ailleurs je ne connais pas grand monde qui a cette lubie. Que se passe-t-il donc ?

Une attaque du Piment Géant ? Non, trois fois non. Déjà que la moussaka géante, c'est pas du plus crédible, alors le piment géant, là, il faut dire stop.
Des insomnies ? C'est pas trop mon genre.
Un bébé fabriqué en un mois et demi qu'il faut déjà nourrir sitôt il grogne ? Non, Bertrand vous a déjà expliqué que les Indiennes ne sont pas si réceptives que ça à la beauté d'une barbe mal taillée.
Le labo qu'il faut garder contre une attaque de singes ? On se rapproche un peu, mais bon, il reste un long chemin.
Des pirates qui veulent dérober le butin du labo ? En quelque sorte, si on considère que le trésor n'est en fait rien du tout, et les pirates des molécules ordinaire.
Et oui, ça y est, les tours de garde pour surveiller la pompe à vide ont démarré. Aujourd'hui, 5h45-9h, RAS à l'heure où ces lignes sont écrites. Demain, je fais la nuit. Et, en fait, on n'a pas trop le droit de dormir, c'est un peu plus contraignant que prévu. Mais il se trouve que, quel que soit mon créneau d'homme (nuit ou matin tôt, car les femmes peuvent pas trop se balader à ces heures là), je serai d'aplomb pour le foot du soir. Ouf !

Si vous voulez m'envoyer des petits mails, je devrais être en mesure d'y répondre de façon un peu erratique, selon mes présences. Mais ça me fera plaisir de toutes façons.

mardi 20 mai 2008

Triple peine et demi (par Thierry)

Faire de la prison, c'est une peine. Se faire expulser, c'est aussi une peine. Et quand un étranger fait de la prison en France, puis se fait expulser, on appelle ça la double peine.

Avoir des coups de soleil sur les épaules, c'est une (petite) peine. Subir les abus de la proxémie indienne (cf article de Bertrand plus bas), c'est aussi une (petite) peine. Et bien, subir les abus de la proxémie indienne quand on a des coups de soleil, c'est bien plus qu'une double (petite) peine. Je la quantifierai à une triple (petite) peine et demi, sachant que c'est la première fois que c'est deux peines m'arrivent conjointement, je n'ai pas encore beaucoup d'expérience en la matière.

Tout ça pour dire que les peines ne sont pas forcément cumulatives.

Proverbe indien, empreint de sagesse

"Si c'est cher, ô sahib, tu pleures une fois ; si c'est bon marché, tu ne cesseras de pleurer. "

A Malpé toute l'année (par Bertrand)

Ce week-end, on est parti à la plage, une visite hautement intellectuelle. On est parti avec les autres étudiants français de mon université, le Tata Institute. On était en tout huit, Thierry et moi ainsi que Najat, Lucie, Kamel, Rachid, Nico et Anita dans le désordre.
On est allé du côté de Mangalore, ville côtière à l'Ouest du Karnataka (l'état de Bangalore pour ceux qui ne suivent toujours pas). Le village s'appelle Malpé, et la grosse ville où on est arrivé en bus Udipi.

En fait on est arrivés seulement Thierry et moi le samedi matin, les autres nous ont rejoints après.
Dès qu'on est descendus du bus à Udipi on a pris un autre bus pour aller à la plage.
Sur cette plage il n'y avait personne, en même temps il était 9h du matin mais le soleil tapait comme à midi.
Comme il faisait chaud on est allés boire un coup dans un cabanon sur la plage.
Il y avait beaucoup de monde, notamment des indiennes en maillot de bain. C'est assez incroyable pour être noté, sachant que les Indiens se baignent tout habillés ou pas du tout. En fait on est tombés sur le tournage d'un film en kannada (langue vernaculaire du Karnataka) ce qui explique les tenues.
On commande un jus d'ananas, et là je ne sais pas si c'est notre accent anglais ou nos barbes qui leur ont plu, mais le producteur nous a demandé de participer au film. On était émus, c'était notre première super-production bollywoodienne.
On a espéré un temps qu'ils nous payent le jus d'ananas pour faire office de cachet mais non. Au moins j'espère qu'on apparaitra au générique : Starring Bertrand et Thierry.

Après avoir signé des autographes à la foule en délire, on est repartis à Udipi en attendant les autres.
Alors qu'on était assis au bord d'un temple on a vu arriver une éléphante, à moins de 5m de nous, c'était plutôt impressionnant, d'autant plus que ses pattes étaient plus grosses que nous ! Heureusement qu'elle était domptée : c'était la mascotte du temple, les gens lui donnaient des bananes et des noix de coco à manger.



Après l'arrivée de nos camarades on est allés goûter l'eau de la mer d'Oman. Elle était bien chaude et comme les Indiens ne savent pas nager, on n'était pas trop genés par les surfeurs.

Le lendemain on a visité le village de Malpé qui est en fait un port. On a fait un tour sur la criée mais pas trop longtemps, parce que si je peux vous montrer des photos je ne peux pas vous faire sentir l'odeur du port. C'était insoutenable, une odeur de porcherie ambiante.
Du coup on a préféré aller sur une île pas loin pour profiter à nouveau de la plage.
Pendant que Thierry et les autres nageaient jusqu'aux îles alentours, j'ai pris quelques photos des oiseaux, surtout des aigles (j'ai reussi à identifier un Milan sacré, en me fiant à ce site très bien fait).

Je trouvais très peu d'intérêt à aller faire un voyage aux Antilles ou à Hawaï pour la plage, mais c'est vrai que les plages tropicales sont très belles. Le sable est tout fin et blanc, l'eau est chaude, on est seuls et entourés de cocotier. C'est paradisiaque.



Malheureusement tout a une fin, mais le retour à Bangalore faisait aussi plaisir, car à Bangalore il fait plus frais. Se promener sous le soleil brûlant avec 35° ça va un moment, mais notre bonne vieille Air-conditionned City a aussi ses avantages.

Pour donner envie aux Parisiens vous pouvez admirer les photos (avec commentaires) : http://picasaweb.google.fr/getzze/Udipi

PS : Je rajouterai des photos quand j'aurai récupéré celles de nos amis français.

Sécurité routière : les Indiens en avance (par Thierry)

C'est l'histoire d'un ticket président-grand père et ministre de l'intérieur-chien fou, elle se passe en Inde mais aurait bien pu se passer ailleurs. Le premier déclare qu'il ne veut plus voir de jeunes qui pourraient etre ses petits-enfants mourir sur les routes de son beau pays, le deuxième, fait la une du 19h TI1 (Television Indienne numéro 1) -leurs infos sont décalées, parce que les films bollywoodiens durent plus longtemps que Navarro- en déclarant que lui, et bien il agit, qu'il s'est rendu compte qu'il faut faire de la prévention mais aussi de la répression, que grace à lui, les chauffards allaient voir ce qu'ils allaient voir et qu'il ne pensait à devenir président pas qu'en se taillant la moustache.

Malheureusement pour eux, dans les années 70, les radars automatiques n'existaient pas encore. "Je n'en ai cure", tonne le ministre de l'intérieur, "moi je vais trouver personnellement ma solution". Laquelle a été de faire construire des ralentisseurs dans toutes les communes, de préférence de forte pente (en France, elle est limitée), pour bien obliger les voitures et autres autos à piler avant. Sans oublier, bien sur, de passer en ouverture du 19h de TI1 avec un T-shirt NYPD en train de suer pour construire le premier de ces ralentisseurs du combat pour la vie (c'est sa femme et plus proche conseillère qui a trouvé cette expression, avant qu'elle ne s'enfuit avec un célèbre publicitaire pour piments). Problème : où trouver le matériel pour faire tous ces ralentisseurs ? "J'ai une réponse personnelle à tout", assure-t-il. Puisque l'Inde qui se lève tot va au travail en voiture, en moto ou en auto, on n'a qu'à prendre des pierres sur les trottoirs pour faire ces ralentisseurs de la liberté. De toute façon, sur les trottoirs ne traine que la racaille qui ferait bien de manger du piment pour se remettre dans le droit chemin, et qu'il va karcheriser avec de l'eau au henné pour qu'on les reconnaisse bien.

En toute objectivité, cette solution n'était pas la meilleure : ici, sous les pavés, pas la plage, mais des fossés qui servent de poubelle. Je comprends qu'ici l'islam fasse recette : deux bières de trop et c'est mangé par les rats qu'on finit.

Voilà pourquoi il est très difficile de dormir dans les bus indiens.

samedi 17 mai 2008

La proxémie (par Bertrand)

Vous connaissez tous les mygales, tarentules et autres araignées qui font peur aux enfants, mais qui sont en fait de charmants animaux, eh bien c'est article ne parlera pas d'elles, car, comme son nom ne l'indique pas, la proxémie n'est pas une araignée.

En fait la proxémie est l'étude des distances entre différents individus dans une société. Ainsi chaque individu divise inconsciemment le monde qui l'entoure en plusieurs zones allant du public à l'intime. Cette théorie a été énoncée par Edward T. Hall dans les années soixante et a tout de suite remporté un franc succès. Depuis nombre de spécialistes creusent le sujet. Hormis les sociologues, éthologues et psychologues, qui travaillent souvent pour les seules gloire et science, cette approche intéresse aussi les magiciens, vendeurs, gourous, pickup artists et autres manipulateurs. En effet pour pouvoir franchir les distances successives qui nous séparent d'un individu (ou d'une individue), il faut au préalable être accepté par l'autre, d'où la nécessité d'utiliser des phrases d'approche et des gestes calculés.
C'est ce qui explique l'oppression qu'on éprouve dans les transports en commun où les distances minimales ne sont pas respectées. Cela explique aussi que l'on soit gêné quand un inconnu nous touche. On peut différencier quatre distances, parmi lesquelles on fait la différence entre le proche et l'éloigné. Les valeurs numériques sont pour un sujet américain moyen :
  • distance intime (reservé au partenaire sexuel ou aux enfants):
    • proche (contact) : réservé à l'acte sexuel, aux contacts intimes (câlin, baiser...) ou aux bagarres.
    • éloignée (30 cm): intimité, relations familiales ou amoureuses.
  • distance personnelle (distance limite du contact physique):
    • proche (60 cm) : distance marquant l'affection ou l'intimité en public.
    • éloignée (1 m) : distance des discussions entre amis.
  • distance sociale :
    • proche (2 m) : distance entre personnes se connaissant et se cotoyant, au travail par exemple.
    • éloignée (3 m) : distance séparant deux individus inégaux, comme un chef et un employé, ou deux ennemis.
  • distance publique (en présence d'un orateur):
    • proche (6 m) : discours en public ou en réunion, le sujet peut fuir mais se sent impliqué.
    • éloignée : discours, meeting. L'orateur reste un étranger.

Les distances approximatives sont données pour un américain (très proche de nous français) et bien sûr elles sont différentes pour les Européens du nord ou du sud (celles-ci étant plus courtes plus on se rapproche de l'équateur). Et pour des sociétés comme les sociétés arabes, chinoises ou indiennes (on en arrive au but de ce propos), ces distances peuvent être inexistantes.
Pour ma part je ne m'intéresserai pas aux distances autres que personnelles (peut-être que Rodrigo pourra nous expliquer la distance intime et les futurs manager pourront nous parler de la distance sociale...).

En Inde la distance personnelle n'existe pas à proprement parler, ils utilisent le contact direct assez fréquemment, ainsi il est fréquent de se faire taper sur l'épaule par un chauffeur d'auto comme si on avait gavé les canards ensemble.
Du coup on peut voir, vers cinq heures, l'heure du thé, un curieux rituel. Les Indiens vont prendre un thé en se tenant la main ou en se mettant la main sur l'épaule, entre amis (du même sexe quand même). Ceci pourrait être une agréable coutume s'il ne faisait pas 30° !
En effet quoi de plus pénible avec cette chaleur que l'autre truie (ceci est un jeu de mot et pas une attaque personnelle) te tienne la main ou t'appuie sur l'épaule. Ou alors c'est pour se prouver que l'amitié est plus forte que tout, ou en tout cas qu'elle resiste à 30°.

Cependant même si la distance personnelle est largement bafouée, les Indiens se fixent d'autres limites notamment dans les contacts entre personnes de sexes opposés, qu'il est intéressant d'observer. Plus tard car c'est le weekend, on part à la plage.

N'hésitez pas à répondre si vous avez des expériences ou anecdotes à nous faire partager ?

vendredi 16 mai 2008

Hystérie (par Thierry)

Je ne résiste pas à l'envie de vous raconter le début de l'après-midi.

Ca fait quelques jours que je me fais à manger, midi et soirs, et mes collègues le savent. Smitha, ma collègue un peu fo-folle, l'Hélène Viatgé de Bangalore, m'a demandé de lui ramener "a French dish". Comme je me fais des crêpes très régulièrement, j'ai pris dix minutes de plus de pause, et je leur en ai amené cinq, toutes beurre-sucre. J'ai déposé l'assiette sur une table devant l'entrée du labo, parce que dedans vaut mieux pas faire trop de miettes, puis je suis allé bosser. Deux minutes après, la même Smitha déboule dans le labo : "Is it you who brought this thing ? " Oui, Smitha, j'ai tenu parole. Le temps que j'arrive, deux autres copines étaient arrivées. Elles étaient toutes folles, mangeaient petits bouts par petits bouts, se disputaient pour savoir qui en avait eu le plus. Et les couverts que j'avait amenés, no use. Dieu a inventé les doigts, et quand on sait compter, il ne servent plus qu'à manger.
Quand Deepak puis Dhanalakshmi pointent le bout de leurs épatés nez, ils sont happés par les filles. Ils devinent à peu près la recette, mais oublient tous le lait, c'est pourtant plutôt essentiel. C'est assez incroyable que des pauvres petites crêpes puissent les exciter autant, c'est quand même pas une pièce montée, et ça fait plaisir. La semaine prochaine, ils m'invitent à leur auberge, j'en profiterai pour faire cuire un gâteau. Espérons qu'ils aiment autant, ça fait plaisir. Je vous raconterai.

Les expatriés (par Thierry)

Il est temps de vous parler un peu des copains non indiens qu'on s'est faits ici. En fait, j'aurais presque pu titrer les Français, mais ce serait manqué de respect aux Suisses francophones qui nous invitent tous, une fois par semaine, à leur "pasta-party".
Commençons donc par André et Catherine. André est venu faire prof de mécanique ici, il y a vingt-neuf ans. Ils ne sont jamais repartis. Ils ont un enfant naturel, reparti manger du gruyère, et en ont adopté deux autres. Indépendants eux aussi. Or on a pu croiser chez eux un jeune homme, de type européen, tout d'orange habillé. Son fils en vacances ? Que nenni, un moine bouddhiste suisse, je sais pas trop ce qu'il foutait là. En meme temps, nous non plus on n'avait rien à faire chez lui, ce sont les autres Français qui nous ont ramenés sans prévenir Catherine et André. Mais comme ils sont de bons soixante-huitards, ils sont contents, et très acceuillants. C'est toujours un plaisir de les écouter parler de 1968 ou de l'Inde. Alors quand ils mêlent les deux, cela donne de la magie. Je vous le fais sans l'accent : "Alors, à l'Alliance Française d'ici, de Bangalore, ils ont passé une fois un vieux film des années 70, Sandrine il s'appelait. Dans le film, l'héroïne est caissière dans un supermarché, et elle se prend d'affection pour les petits vieux du quartier, et leur fait passer des articles gratuitement, sans les scanner. Et puis elle se fait pincer par ses chefs, et là elle a des ennuis. Et bien, les Indiens ils la trouvaient vraiment conne cette Sandrine. 'Pourquoi elle faisait ça ? Elle n'avait même pas d'intérêt personnel !' Alors que nous, à cette époque, on allait dans les magasins et on volait des cassettes pour les mettre à la poubelle juste à la sortie. On était contre le système, c'est tout, comme Sandrine". Néanmoins, il n'est pas du genre à raconter sa guerre, et ses pâtes bolognaises sont très appréciées.
On y va donc avec toute la clique des Français du Tata Institute, l'université de Bertrand. Elle comprend quatre Grenoblois d'adoption chimistes organistes et nano-chimistes. Par hasard, et si ça étonne les Indiens, mais c'est ça la France, ils sont tous les quatre d'origine arabe. Ici, quelqu'un qui ne ressemble pas aux autres est forcément étranger. Il y a aussi un climatologue Marseillais, une future DRH Franco-Pondichérienne et une spécialiste de la résistance des matériaux charentaise.
Je les vois moins souvent que Bertrand, mais on se croise tout de meme assez fréquemment. Hier, par exemple, nous sommes sortis manger du boeuf -j'ai découvert le Chateaubriand, une pièce très tendre et goûtue, pour 3 euros. Puis nous sommes allés boire un verre dans un pub à côté. D'autres fois nous nous retrouvons pour regarder un film, et nous passerons le week-end prochain ensemble.
Au début, j'étais plutôt réticent à m'intégrer à leur groupe, me disant que je ne suis pas en Inde pour parler avec des compatriotes. Mais en fait, le soir, plutôt que de rester seul à lire un livre ou aller sur Internet, c'est plus agréable de sortir avec eux, et on a même pas mal discuté avec des locaux dans le pub. Et comme ils sont tous vraiment sympas, et bien on peut dire qu'on a eu de la chance de tomber sur eux.

Voià donc pour nos activités hors labo-tourisme.

jeudi 15 mai 2008

Le Racing descend

Ca y est, c'est officiel, le Racing Club de Strasbourg, club phare du Nord-Est français (ou du Sud-Ouest allemand, c'est selon) est relégué, aux cotés de l'ennemi messin, et de, peut-etre encore, le PSG.

Je suis un peu triste, j'allais beaucoup au stade petit. Une petite vidéo d'un beau match, Lille-Strasbourg, qui a donné 0-3 avec un des beaux buts de la saison.

Who's who (par Thierry)

De. est un jeune homme tranquille, très attaché à sa famille, de condition modeste. Mais il habite à deux jours de voyage d'elle, et reste donc tous les week-ends dans la grande ville avec sa soeur, donne des cours toute la semaine pour pouvoir envoyer des sous chez lui. Une chemise toujours parfaitement repassée dans le pantalon, une raie nette et sans bavure, il présente bien.
Sm., elle, est un peu plus fo-folle. Elle habite aussi assez loin de chez ses parents, et reste donc le week-end à dormir, discuter avec desamies, faire la cuisine ou les magasins. Mais elle est raisonnable, sait ne pas trop dépenser. En revanche, elle ne comprends pas que je puisse user moins d'une heure de forfait téléphonique par mois, c'est impossible ! Elle aimerait faire une thèse à l'étranger, pour revenir servir son pays par la suite. Elle propose souvant à De. de venir passer un week-end chez elle, pour lui faire découvrir sa région du pays.
Dh. est la stoique du groupe. Pas très grande, elle compense par une tenue très droite, et avec son joli visage, elle fait un peu princesse.Très gentille, elle s'intéresse à tout le monde, et essaye d'apprendre toutes les langues du monde pour pouvoir communiquer avec quiconque se présentera à elle.
Sa. est encore plus réservée, presque timide. Quand on entend sa petite voix, c'est toujours quelque chose de gentil qui nous arrive aux oreilles. Comme elle est assez casanière, et fait donc peu de sport, elle s'impose une demi-heure de vélo par soir pour se maintenir enforme.
R. est grand, et ça lui va bien d'etre grand. Au foot, il demande toujours le ballon, aime bien dominer. Autre facette de sa grande gueule, il est très ouvert, aide qui veut.
N. est un le doyen du groupe des étudiants. Calme lui aussi, il a pourtant toujours un bon mot à dire, aux moments les plus inattendus.Un peu enveloppé, il aime néanmoins le sport, mais sans trop suer non plus, et n'aime surtout pas se priver de nourriture.
H. est la chef de tout ça. Sa stature et son poste en imposent, mais elle est toujours très attentionnée avec tout le monde, quoiqu'assez exigeante. Une bonne responsable d'équipe, qui montre l'exemple par son travail acharné.
Tous aiment leur famille, et comptent bien trouver un bon métier, pour avoir une situation correcte plus tard, mais sans renoncer aux valeurs que la société et leurs parents leur ont transmis. Plus ouverts que la génération d'au dessus, ils n'ont rien contre les Musulmans, mais n'iront quand meme pas jusqu'à se marier avec un d'entre eux. Autre point commun : ils ne peuvent tous pas se passer d'Internet, tant pour le travail que pour les loisirs, communiquer avec les amis ou la famille, regarder des films.

Vous l'aurez deviné, les vrais prénoms sont dans l'ordre Deepak, Smitha, Dhanalakshmi, Salini, Ravi, Nondon et Hema, et ce sont ceux qui composent le labo. Mais ils auraient aussi pu s'appeler, dans l'ordre, Ronald Kafo, Hélène Viatgé, Ileana Jelescu, Claire Perrin, Arnaud Uzabiaga, Bertrand Lacoste et Anne-Marie Le Gall et etre à l'EcolePolytechnique (pour ceux qui ne se reconnaissent pas dans cette courte description, c'est que c'était pas évident de trouver quelqu'un pour qui tout colle). A part etre encore plus conformistes que les Polytechniciens, les Indiens éduqués ressemblent vraiment beaucoup leurs homologues européens, c'est flagrant.

Désolé pour cet article pas folichon, mais c'est la reprise, j'avais plus posté depuis longtemps.

mercredi 14 mai 2008

Un festin (par Bertrand)

J'ai dit beaucoup de mal de la cuisine indienne. Mais c'était vrai.
Cependant je vais enfin en dire du bien.

Vendredi soir dernier, on est allé au resto avec les gens du labo parce qu'un étudiant a fait sa première publication. Du coup il nous a payé un resto cher (d'après leurs dires), 7000 roupies à 10, soit 10.50€ par personne. Tout ce que je peux vous dire c'est qu'on s'est pété le bide.

Pour commencer on prend tous une soupe au poulet, servie dans un verre. En fait c'est un bouillon, très chaud avec sur le dessus une couche de graisse liquide (ou de jus de poulet, à l'appréciation de chacun) que ma mère s'employait jadis à bannir de la soupe. C'était fameux.
Ensuite chacun prend des starters qui consistent en morceaux de poulet, poisson ou légumes grillés ou panés. En plus on se partage les plats donc on goûte à tout. Bref à la fin des starters (qui veut dire entrée en anglais), je sens déjà la crampe d'estomac, je ne suis plus habitué à bien manger depuis un mois quand même !



Viens ensuite le plat. Ce sont des curries, ie du poulet ou du fromage (pour les végétariens) en sauce, servi dans un bol et que tout le monde se partage. On mange ça avec un pain plat, dénommé naan, paratha ou chapati selon l'épaisseur. A ce niveau là du repas, plus question de suivre les conversations en anglais, le jeu est de finir tous les plats à deux avec un ami indien, les autres ayant déclaré forfait. Quand arrivent des cuisses de poulet en cadeau on sent qu'il faudra faire un choix entre elles et le dernier curry. Celui-ci sera finalement abandonné en pourboire.

Mais comme tout bon banquet qui se respecte, quand c'est fini il y en a encore : nous prenons tous une glace, mon ami indien remporte alors la compétition puisqu'il recommande deux boules en plus. A charge de revanche, la prochaine fois je me préparerai avec du riz les jours d'avant.

Quand je suis sorti du resto, eh bien pour tout vous dire j'étais heureux. Ma mission est à partir de maintenant d'apprendre à cuisiner ces curries et pains indiens. Je vous tiendrai au courant pour les recettes.

mardi 13 mai 2008

Parfaire son Hindouisme (par Bertrand)

La saga du Trimurti touche bientôt à sa fin, il est temps d'introduire le dernier bougre, mais non des moindres, Vishnu. Vishnu est, s'il faut en choisir un, le dieu principal de l'hindouisme, 80% des hindous lui font confiance, ce qui donne pas moins de 700 millions de Vishnouistes. Vishnu arrive donc troisième derrière Mahomet et Jésus à la course aux fidèles, ce qui est bien mais pas top.



Ce qui fait sa réputation c'est avant tout son titre et rôle de Protecteur, bien plus rémunératrice que Brahma le Créateur ou Shiva le Destructeur. Mais ce sont surtout ses aventures épiques qui sont impressionnantes. C'est bien simple, tout le monde connaît l'Illiade et l'Odyssée qui ont bercé notre enfance, avec ses héros légendaires, le roi Ménélas qui va chercher sa femme avec tous ses potes, Paris le playboy, Achille et son talon, Ulysse et ses 31 bateaux. Bon eh bien Vishnu c'est tous ces braves gars en même temps.
Alors là me direz vous c'est impossible, d'après le principe d'incertitude d'Heisenberg, un type ne peut pas être à la fois le héros d'une histoire et le méchant ou le personnage secondaire de cette même histoire.
Oui mais Vishnu a une technique secrète, il a des avatars. Un avatar n'est rien d'autre qu'une incarnation du dieu sur terre.

En tout on compte 10 avatars de Vishnu :
  1. Matsya, le poisson : c'est un poisson qui a aidé le Noé indien à pousser son arche.
  2. Kurma, la tortue : une sympathique tortue qui tenait la montagne quand les dieux ont baratté l'océan de lait.
  3. Varaha, le sanglier : qui s'est battu contre un démon très très méchant.
  4. Narasimha, l'homme-lion : lui c'est une expérience de laboratoire. Cet innocent de Brahma avait promis à un asura (démon) qui savait bien méditer qu'il ne pourrait être tué ni par un homme, ni par un dieu, ni par un animal, ni à l'intérieur, ni à l'extérieur, ni au sol, ni en l'air. Laissant de côté son rubik's cube, Vishnu s'est incarné en mi-homme, mi-lion, il a mis l'asura à genou au pas d'une porte et l'a décapité. Enigme résolue.
  5. Vamana, le nain : lui c'était un petit malin, il y avait un démon qui régnait sur les trois mondes, ciel, terre et enfer (merci Brahma), le nain est allé le voir et lui à proposé de partager le monde en deux. Une première partie grande comme trois pas de nains sera aux dieux et le reste au démon. Le démon d'accepter le pacte de Passe-partout. Celui-ci se transforme en géant et parcourt le monde en trois pas. Morale : ne jamais se fier à plus petit que soit, les pygmées sont des voleurs.
  6. Parashuram : il a tué 21 générations de la caste des kshatriya (princes) parce qu'ils ne voulaient pas donner des sous-sous aux brahmanes (prêtres). Succombant au lobby féroce des prêtres, Vishnu s'est incarné, d'où le massacre.
  7. Rama : dont je vous parlerai plus tard.
  8. Krishna : dont je vous parlerai plus tard.
  9. Siddhartha Gautama surnommé amicalement Bouddha : Alors là je trouve ça de très mauvais goût, Vishnu s'est incarné en Bouddha pour attirer les mécréants vers une mauvaise religion, en l'occurence le bouddhisme. C'est d'une bassesse.
  10. Kalki : lui il est pas encore arrivé et heureusement, parce que c'est un chevalier de l'apocalypse, censé nous protéger à la fin des temps.
On peut dire que Vishnu est un travesti (d'ailleurs les hindous le représentent parfois en femme, on se refait pas). Ainsi déguisé il peut se promener sans risque d'être reconnu par les paparazzi. Ci après, les dix avatars de Vishnu ainsi que ses avatars msn et facebook (ce qui amène le nombre de têtes à 12 et de doigts à 120, ce qui est un record du monde) :



Un dernier mot sur la famille de Vishnu, il est le mari fidèle de Lakshmi, déesse de la prospérité qui se promène sur un lotus et qui a de l'argent qui coule d'une main (c'est un peu pénible pour se laver les dents mais sinon ça va). Il n'a pas d'enfant.
Enfin Vishnu se promène sur son aigle Garuda; il est aussi auréolé et protégé par le serpent Ananta à plusieurs têtes qui, lui aussi, a des avatars et aide Vishnu.
Pour finir une pub de l'entreprise Sanatansociety pour les huiles de massage.


Mysore et le palais du roi (par Bertrand)

Au sud-ouest de Bangalore, à environ 3h30 en bus, se trouve Mysore, ancienne capitale de l'état du Karnataka, du temps des princes et de la colonisation, avant de céder sa place à Bangalore à l'indépendance en 1947.
L'intérêt principal de Mysore est son palais, ancienne demeure du roi de Mysore, dont la maison secondaire n'est autre que le palais de Bangalore qu'on avait déjà visité.
Du fait de sa grandeur passée on trouve beaucoup d'artisanat à Mysore, de la soie, des huiles essentielles et bois de santal (qui sent la résine quand on le frotte).
Nous voilà donc partis, Thierry, Elodie et moi pour la visite du weekend.



Le Samedi en arrivant on est allé se balader au marché. Première surprise au marché les gens parlent français (un peu), c'est la première fois qu'on rencontre des Indiens qui parlent français. On comprend bien vite que les huiles essentielles à bas prix ont attiré nombre de Français, spécialistes en parfums que nous sommes (je veux parler des Français en général). Du coup pour négocier au plus près avec leurs clients, les Indiens ont dû apprendre la langue de Molière.
Un Indien qui parle français ça donne a peu près ça : "Donnez moi la main. It's not arnaque. You get un flacon, you get encens cadeau cadeau. Joli cadeau papa maman."

Après s'être fait parfumé les deux bras en entier, nous allons voir les boutiques de vendeur de soie. C'est un peu comme Bouchara mais en anglais. Comme en France seules les femmes sont intéressées, les hommes se contentent de dire que tout est beau pour sortir au plus vite.

Le lendemain on visite le palais. Pour le résumer assez rapidement, il est immense et magnifique. Les plafonds sont tout colorés, les murs sont remplis de peintures de dieux et de rois, entourés de pièces de marquetterie et de gravures sur bois. Les portes sont soit en bois richement décoré et taillé soit en métal, cuivre ou argent. Le tout agrémenté de cours intérieures ensoleillées et de salles remplies de colonnes pour jouer à cache-cache. On peut aussi trouver des éléphants empaillés très bien conservés et des meubles incrustés de bijoux, ivoires et miroirs.
Vraiment c'est somptueux.

L'après-midi on va là-haut sur la montagne, parce que paraît-il il est un petit chalet. En fait de chalet, c'est un temple de Vishnu et sur le flanc de la montagne se trouve une statue géante de Nandi, le taureau de Shiva. Comme on est des fans de son petit regard bovin, on prend la pose devant lui.



Enfin le soir, avant de prendre le bus, on va assister au spectacle le plus beau de Mysore, l'illumination du palais par des millions d'ampoules. Que les amis de la planète soient un peu rassurés, l'éclairage ne dure qu'une heure par semaine, de 19h à 20h le dimanche. Du coup le parc devant le palais est ouvert à la population qui se tasse dans l'herbe, un peu comme au Champ de Mars, devant la tour Eiffel. Vraiment ce palais n'a rien à envier à Disneyland ou à la mairie de Rion-des-Landes, chez moi.

Je vous laisse admirer les photos : http://picasaweb.google.fr/getzze/Mysore

vendredi 9 mai 2008

Proverbe indien

"Tout européen qui vient en Inde acquiert la patience s’il n’en a pas et la perd s’il en a." Ca devrait être marqué en gros dans les aeroports quand on arrive.

Au pays des moustachus (par Bertrand)

Pour décrire les talibans on parlera des barbus, et pour cause; pour parler des indiens on peut employer les moustachus, bien qu'ils n'aient pas l'AOC, l'appellation.
En effet, autant chez nous, à 18 ans, on a le permis, la carte d'électeur, bref on est des grands; mais ça ne se voit pas sur nos chemises. Autant les Indiens, eux, ils ont une moustache.
La moustache est pour eux l'attribut viril par excellence, alors pourquoi s'en passer. Tout indien ayant passé les 25 ans est moustachu, ce n'est pas inscrit dans la loi mais c'est tout comme.

A ma connaissance seul le Pandit Nehru n'était pas moustachu (voir photo), ce qui lui a d'ailleurs valu une malédiction sur sa famille.

PS : Avec Thierry on a décidé de garder moustache et barbe pour impressionner les filles mais ça ne marche pas. C'est la barbe qui doit être mal vue.

Basculer de clavier qwerty en azerty

Je reçois pas mal de mails en qwerty, et comme c'est plutôt pénible de ne pas pouvoir mettre d'accents, voici une méthode pour basculer en azerty (faut connaître son clavier qwerty, les écritures sur le clavier resteront qwerty, pour ça même Bertrand n'a rien su faire).

Panneau de configuration, puis cliquer sur date, time language and regional options, puis cliquer sur regional and language options, onglet language, cliquer sur details, puis sur add, chercher le clavier français, et mettre OK partout où on le demande. Puis le sésame : shift+alt dès qu'on ouvre un fenêtre Internet. C'est pas mal, ça évite de basculer l'ordi de manière durable sur le clavier azerty, les locaux ne sont pas pris au dépourvu.

Ne me demandez pas comment j'ai appris cette technique, que même Bertrand ne connaissait pas, je ne le sais pas moi-même.

Le gaz est arrivé ! (par Thierry)

J'avais une cuisine, mais pas de gaz. Ca laissait un frigo et un micro-ondes ou à désirer, selon si le vide était à moitié vide ou à moitié plein. J'ai cru que le verre est maintenant plein, un moustachu de la cantine anglophone (denrée rare) a branché une bouteille dehors.

Déception, le verre n'était pas tout à fait plein : il n'y a pas de poëles, et la passoire est sans poignées, et métallique. C'est pas très grave, ça ne vaut que quelques gouttes dans l'échelle de l'optimisme. J'ai pu me faire un délicieux pâtes-oignons, en attendant poële, puis oeufs, pommes de terre, et crêpes. Miam !


Finalement, j'ai bien oublié quelque chose dans l'article précédant : à l'occasion de l'anniversaire de Deepak, mon collègue thésard, j'ai pu goûter mes premiers gâteaux indiens. Et bien, j'en resterai là, ils n'ont aucun goût. Les gâteaux français continueront donc à me manquer. Je n'ai pas de four pour en faire moi-même.

Ajouts à différents posts précédents (par Thierry)

Déjà, dans celui d'hier, j'oubliais l'inoubliable, ce qui nous a laissé le plus grand vide, tant à Bertrand qu'à moi, aussi bien sens propre qu'au figuré. J'ai nommé la musique. Pour nous, enfants de la génération numérique, devant notre clavier, la normale est d'avoir du "son" dans les oreilles, et c'est vraiment quand nous devons nous concentrer que nos hauts-parleurs ont droit a un repos bien mérité. Ici, durant les deux premières semaines, que dalle, vraiment que dalle ! C'était dur, on a du ruser pour pouvoir en écouter -là, pour le coup, je signifie bien écouter, pas entendre. Récupérer un casque audio, et constater que la plupart du temps, radioblog et deezer fonctionnent chez moi m'a permis de me ressaisir. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont des sites plus ou moins complets où l'on peut écouter gratuitement de la musique, sans possibilité, du moins à mon niveau en informatique, de télécharger. En quelque sorte des radios à la carte. J'espère bien que la conservatrice commission Olivennes ne va pas détruire tout ça, ils font déjà bien assez de conneries. En revanche, chez Bertrand, c'est beaucoup plus aléatoire, avec une tendance marquée au refus. Heureusement, il avait emmené un petit lecteur MP3, contenant dans son petit coeur fragile quatre albums téléchargés (illégalement). En même temps cela nous a permis de découvrir ces groupes, et nous irons les voir en concert si notre route a la chance de croiser leur tournée, voire offrirons leurs albums (alba, c'est vraiment moche...) à des amis. Mais c'est un long débat, d'autres défendront la liberté bien mieux que moi. Toujours est il que nous n'avons pas de musique dans nos chambres respectives, mais bon, ça va mieux, Bertrand n'a plus besoin de chanter nos chansons fétiches -ses goûts sont globalement inclus dans les miens, tant mieux- pour nous remémorer le bon temps. Que ceux qui connaissent mon Assurancetourixisme, rassurez-vous, le vide n'était tout de même pas assez profond pour que Bertrand me laisse chanter.

Sinon, question pollution, c'est quand même pas trop ça à ce que je lis. Ce doit être parce que j'ai grandi dans une ville dont les alertes oranges alimentent souvent la pauvre actualité de l'endormi mois d'août que je n'ai pas senti la pollution. En revanche, j'ai pu remarquer que les emballages ne sont presque jamais individuels, et ils vendent les produits d'épicerie (sel, sucre, riz, farine, plus la lessive) au moins au kilo, dans du plastique de mauvaise qualité.

Enfin, quelques mots pour illustrer la peur des patrons. Hier, ma collègue Dhanalakshmi, jeune, agréable et élégante (ça n'a rien à voir, mais ça me fait plaisir de penser à elle), a eu le bonheur de s'assoupir quelque minutes sur une table. Nous sommes plusieurs a l'avoir vue, en souriant, sans que cela ne la gêne par la suite. En revanche, aujourd'hui, pour voir sa réaction, je lui ai prétendu que ma tutrice l'avait aussi vue, sans se fâcher pour autant. Elle a tout de suite rougi, comme j'ai du rougir le jour où Maman avait vu remonter dans les toilettes l'emballage des Mars que mon frère Bruno et moi-même avions volé dans les réserves familiales, interdites d'accès (Bruno, t'en rappelle-tu ?). C'est incroyable, cette tutrice est pourtant très gentille, et si parfois elle donne des ordres, c'est parce que c'est son boulot. Dhanalakshmi -je précise son prénom pour que vous sentiez la difficulté de les retenir- était vraiment soulagée quand, rigolant, je lui ai dit que c'était pas vrai.

Et, beacoup plus triste, j'ai vu aujourd'hui un moustachu rentrer chez lui, caché derrière des vitres fumées, son fils à la place du mort. Je l'entendais klaxonner devant son portail, sans trop comprendre pourquoi, jusque voir un autre moustachu lui ouvrir le portail, en s'excusant presque de ne pas avoir su couru plus vite. A moins que lui et son fils soient handicapés, un des deux aurait quand même pu y aller ! C'est malheureusement pas très étonnant, mais reste néanmoins choquant.

Ah oui, avant d'oublier et de devoir poster un piteux Ajout aux ajouts à différents posts précédants, il semblerait que l'Inde a encore de belles montagnes à gravir, dont celle de l'alphabétisation -les illettrés indiens sont beaucoup nombreux que leurs consorts chinois. Vivre à Bangalore, qui plus est en compagnie de scientifiques déforme sérieusement la perception que je me fais de la réalité indienne, malgré tout la bonne volonté du monde. En parlant de monde, ceux qui désirent approfondir liront l'intéressant article de mon quotidien en ligne favori, Nuages sur l'économie indienne

Pascale Robert-Diard

Certains d'entre vous doivent la connaître, elle est la chroniqueuse judiciaire du Monde. Son blog est vraiment très bon, ses articles qui paraissent dans le journal encore meilleurs. Un petit aperçu : Au nom de l'indulgence, Amis jurés (lien mort) ou autre De la pègre à l'élite, les nouveaux défenseurs du pouvoir.

Attention, le tout prend du temps, et n'est pas à lire à la légère.

Proverbe indien, déconseillé aux requins

Tout désirer : chagrin
Tout accepter : joie

jeudi 8 mai 2008

Ce qui me manque (par Thierry)

Durant les semaines précédant le départ, la plupart de ceux qui ont connu la vie à l'étranger y allaient de leur petit commentaire, de leur petite expérience. A coup de "Je rêvais de baguettes", "Un temps toujours égal, c'est pesant" ou autre "Curieusement, c'est le son des cloches d'église qui m'a le plus manqué".

Qu'en est-il pour moi ? Concentrons nous d'abord sur ce qui est censé faire défaut à qui quitte le cher cocon-campus de son école d'ingénieur. Alors, oui, comme tout le monde, ça me fait bizarre de devoir mettre mon réveil chaque soir, pour une heure aussi horriblement matinale que 9h15 du matin. Mais plus dure que le fait de se lever tôt est l'impossibilité de faire l'impasse le matin où on est fatigué, de prolonger les soirées jusque très tard, sans crainte du lendemain. Oui, ça peut en choquer certains, mais en école, on n'est vraiment obligés de se lever qu'un ou deux matins par semaine. Les autres, c'est préférable, mais bon, en cas de force majeure...

En revanche, contrairement à la campagne médiatique actuelle, je n'ai pas besoin de boire d'alcool, et je ne m'en porte ni mieux ni moins bien. C'est un sujet un peu délicat, et j'ai conscience que ce n'est pas un mois de presque complète abstinence qui me prouveront que je peux me passer si facilement d'alcool, mais j'ai quand même l'impression qu'on essaie de nous faire peur pour rien (ou alors, et c'est peut-être le cas, à Polytechnique, on est plus intellos et on boit moins, ce qui fausse l'image que je me fais des rapports des jeunes à l'éthanol). Vous pouvez lire cet article du Monde ou ce reportage d'Envoyé Spécial. Je comprends les raisons qui ont poussé ces journalistes à tirer la sonnette d'alarme, mais je retiendrai aussi que le fameux Christophe de l'article du respectable Monde est un bon commercial, dans ses soirées il n'y a pas moins d'alcool que dans les notres, mais comme il ne sert pas de "mélanges infâmes", et bien c'est un type bien. Ca ne veut pas dire que c'est sûr et certain que je ne boirai plus jamais plus de quatre verres, mais franchement, j'ai bien l'impression que le temps des grosses soirées est plutôt derrière moi.

A part ça, si, la vie sociale facile, les copains dans le même couloir, les repas à quinze restent un bon souvenir, que j'aurai volontiers prolongé. Mais comme dans mon institut j'ai pas mal de copains, grâce au foot notamment, ça se passe plutôt bien. Et comme le rythme de mon stage est plutôt cool, je ne sais toujours plus ce que ça fait de devoir se concentrer plus que deux heures par jour, c'est oublié depuis la fin de la prépa.

Pour ce qui est de la France en général, c'est, pour moi et encore plus pour Bertrand, la nourriture française qui hante mes rêves. On commence à en avoir sérieusement marre des épices (voir l'article sur le French Poulet), et comme nos cantines sont très peu variées, on les évite le plus souvent possible. Le gaz vient d'arriver dans ma piaule, je vais prochainement faire des courses puis à manger. Fromage, charcuterie et viande rouge composeront le menu du premier repas qu'on va prendre à notre retour, en revanche, je trouve le pain indien bon (il n'est de manière générale pas levé, mais il existe plein de varitété entre le naan tout plat et le parathi qui ressemble plus à un blini), et je n'ai pas encore l'odeur de la baguette dans le nez. Les gâteaux n'existent pas ici, et ça manque aussi.

Mais, si la gastronomie fait notre réputation, ce sont les femmes françaises qui sont nos meilleures ambassadrices. Et bien, à mon âge, ça va, je peux m'en passer. Il y a, comme dans tous les pays du monde, des Indiennes très jolies, et, de toute façons, je ne suis pas venu ici pour les femmes. Ce qui me manque plutôt est notre rapport garçons-filles occidental. Je pense qu'on a tous besoin de plus ou moins de contact physique, ici, les Indiens l'ont entre gens du même sexe, il est fréquent qu'ils se baladent la main dans la main. Je n'arrive pas trop à m'y faire, puisqu'en France c'est plutôt aux filles ou à la Maman qu'on fait des câlins. Je n'en ai pas sous la main, du coup, ben c'est pas très grave, je me réverve pour mon retour.

L'agitation des rues est fascinante, mais pouvoir se balader tranquillement sans entendre des klaxons permanents ni devoir se faufiler entre les marchands de noix de coco possède aussi un certain charme, surtout quand on est fatigué.

C'est bien normal, mais savoir qu'un neveu va naître quand je serai loin, ne pas avoir trop la possibilité de voir la grand-mère ou les parents est parfois un tout petit peu pesant, mais c'est ce à quoi on est le mieux préparé en partant, donc ça va. De manière générale, il m'est arrivé plus d'une fois de ne pas trop voir la famille pendant un mois ou deux, voire plus, donc...

Quant aux cloches ou aux variations du temps, ben ça va, je m'en passe très bien.

Voilà pour le petit article du moment où je n'ai plus rien envie de manger, mais rassurez-vous , je me plais toujours autant ici, et je ferai prochainement des articles sur la société indienne, qui me plaît bien dans sa structure.

Récréation Hindouiste (par Bertrand)

Vous l'attendiez tous, il est temps de vous présenter Ganesh :



J'en entends déjà qui rigolent au fond, qui se moquent. Oui Ganesh n'est pas un Apollon, mais cela ne l'empêche pas d'être le dieu préféré des Hindous (d'après un sondage IFOP). Et pour cause, avec sa bouille d'éléphant, Ganesh est le dieu de la chance, de la connaissance et c'est le protecteur des logis. On aperçoit souvent dans les voitures et autos en Inde un Ganesh qui fait office de sapin parfumé.

Mais d'abord faisons taire les mauvais plaisantains, Ganesh n'est pas un éléphant, c'est un homme à tête d'éléphant. Enfin c'est ce qu'ont affirmé ses parents quand ils ont été accusés de maltraitance d'enfant et interrogés par la police. Voila le compte rendu (CR) du procès-verbal (PV) faisant acte (FA ... ah non...) :
"Je me trouve en présence de Mr Shiva et de Mme Parvati, accusés de maltraitance en la personne de leur fils Ganesh, et les confrontant à la réalité, leur demande de s'expliquer sur leurs agissements. La gardée à vue Parvati me raconte sa version des faits : un jour que son mari Shiva était absent du logis, elle prenait un bain et il lui vint l'idée de faire un bébé en la personne de Ganesh. Elle affirme alors que le bébé était normal à sa naissance, de type nord-africain (NA) précise-t-elle pour les besoins de l'enquête. Je l'interroge sur la possiblité d'une telle naissance spontanée, et celle-ci me confirme que le facteur n'est en rien mêlé à l'histoire. Elle poursuit et concède alors avoir été irresponsable et d'avoir confié à son jeune fils (alors agé de 10 min je vous le rappelle) la garde de la salle de bain. Celui-ci avait pour consigne stricte de sa part de ne laisser personne franchir le seuil de la porte. Le dénommé Shiva, se présentant à moi comme le père de l'enfant, n'étant pourtant pas d'obédience postale, raconte alors comment il est revenu de voyage et a trouvé cet enfant qu'il ne connaissait pas et qui lui interdisait de voir la suspecte Parvati. Pris d'un soudain accès de colère, dont les tests d'alcoolémie et d'urine subséquents à la prise de produits stupéfiants permettront de déterminer l'origine, celui-ci aurait alors tranché la tête du nourrisson. Il a alors remplacé la tête coupée par celle d'un éléphant endormi non loin, non pas pour camoufler son crime comme affirment les voisins, mais pour répondre à la tristesse de sa femme. Ce procès verbal est adjoint d'une demande de prolongation de garde à vue, assortie d'une privation de
dessert s'ils font trop de bruit."

On voit vraiment de tout ces temps-ci.
Mais le petit Ganesh s'est bien remis de ses émotions et a tourné cette histoire en avantage : on en vient même à vénérer son physique. Ses grandes oreilles sont preuve de compréhension du monde et d'ouverture d'esprit; sa défense droite brisée (et qu'il tient dans la main gauche du haut) est le signe du sacrifice; son embonpoint et l'assiette de loukoums qu'il tient dans sa main sont les symboles de la connaissance que Ganesh a avalé; enfin sa trompe dans laquelle il tient une cloche symbolise son rôle de gardien (et donc de sonnette).
De plus Ganesh à capturé et domestiqué un rat qui lui sert maintenant de monture, clouant le bec aux farceurs qui affirment que les éléphants ont peur des souris.

Vraiment Ganesh est un bon dieu et on comprend mieux pourquoi les hindous l'adorent. Et d'ailleurs c'est peut-être par jalousie que les dessinateurs occidentaux ont imaginés Babar le roi des éléphants, Babar un odieux plagiat. Certains ont eu des expériences plus malheureuses en voulant se déguisé en Ganesh, comme le héros d'Elephant man qui n'a jamais réussi à enlever son masque.

Pour finir en beauté, une photo de la statue géante de Ganesh (6m de haut environ) à Hampi, preuve de l'adoration sans borne (et hautement justifiée) des hindous pour ce dieu :

mercredi 7 mai 2008

Le proverbe du jour

"Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière asséchée, le dernier poisson péché, l'homme va s'apercevoir que l'argent n'est pas comestible"

mardi 6 mai 2008

Le French Poulet (par Bertrand)

Quel toupet !
Je vous raconte ce qui nous est arrivé. Avant de prendre le bus on va dans un restaurant, le serveur nous amène la carte et là stupeur : au paragraphe des viandes figure une photo d'un poulet rôti entier et dans la liste nous remarquons non sans un pincement au coeur un plat dénommé French Chicken (poulet français). C'en est trop pour nos estomacs en manque de nourriture bien de chez nous, nous commandons derechef le French Poulet.
Dans l'expectative, la discussion va bon train : "Un poulet entier c'est beaucoup quand même", "Finalement on les avait mal jugés ces indiens, ils savent apprécier les bonnes choses".
En guise de mise en bouche on avait commandé une petite soupe certifié "No spice" par le serveur. Quand arrive la soupe et que celle-ci se révèle à base de piment vert aussi piquant que leur réputation, on se dit que vraiment on ne peut compter que sur le French Poulet, les plats indiens sont décidemment beaucoup trop épicés. Puis arrive notre précieux.

Première désillusion, le poulet n'est pas entier mais découpé en petits morceaux; ce ne serait pas si catastrophique s'ils n'avaient pas eu l'idée saugrenue de le rouler en plus dans une sauce au piment.Décidemment les anglais n'ont pas fait que du bien à l'Inde, je les soupçonne d'être responsable de cet outrage aux poulets fermiers.
Ce sacrilège, de mettre de piment partout, est déjà difficile à avaler mais si en plus ils nous font passer, nous français, pour des brutes, des sanguinaires, pour des indélicats qui saccagent sans scrupules le poulet, où allons nous. Quid de notre image de fins gastronomes (image qui semble de plus en plus fondée si on se fie aux moeurs alimentaires des autres pays). Vraiment ils se permettent tout.

Pour montrer notre mécontentement nous avons boycotté les sempiternelles graines d'anis servies en fin de repas pour aider à digérer. Il ne faut pas nous prendre pour des pigeons non plus. En plus elles ne sont pas bonnes ces graines...