vendredi 28 novembre 2008

Un sujet lourd, un reportage plus léger

Un petit reportage du Monde, dans le bois de Vincennes. Presque rassurant, même si le tout n'est pas drôle. Heureusement, car, rassurantes, les deux autre publications du matin ne l'étaient pas trop.

De plus en plus triste

Vous l'avez sûrement suivi...des attaques très bien préparées ont déchiré Bombay. Des "gamins" (entre 18 et 25 ans) auraient accosté sur une plage de Bombay à bord d'un canot pneumatique, sûrement en provenance de Karachi (canot pneumatique sur un si long trajet, est-ce crédible ?), pour se diviser et attaquer différents lieux symboliques (pour rassurer les gens qui les ont vu débarquer sur la plage depuis leur canot, ils ont certifié être des étudiants). Dont deux grands hôtels (le Taj et l'Oberoi), une gare très fréquentée (Church gate pour ceux qui connaissent), le centre juif ont connu des fusillades sanglantes, plus des taxis soufflés et des tirs aveugles depuis une voiture de police volée, et encore d'autres attaques pas encore confirmées. Les forces spéciales sont toujours sur le terrain.

Dans un premier temps, il se disait qu'ils s'en prenaient aux ressortissants anglo-saxons, pour faire pression sur les gouvernements anglais et américains afin qu'ils arrêtent de soutenir la politique indienne au Cachemire -visiblement, ils ont trié les otages dans les hôtels et n'ont gardé ques les Britanniques et Américains. Ce n'est plus la seule hypothèse envisageable : Church Gate est une gare tout à fait normale, certes dans un quartier riche (Colaba), mais fréquentée par des Indiens presque exclusivement. On y est passé, plusieurs fois, soit dit en passant. De plus, ils est presque sûr qu'ils sont entrés dans les hôtels par les cuisines, et auraient ouvert le feu à l'arme automatique (AK 47 et autres dangereux jou-jous). Qui peuple les cuisines ? Des Indiens souvent pas très riches, et musulmans pour certains. De même pour les conducteurs de taxi.
Je trouve assez choquant qu'on lise un peu partout le nombre d'étrangers décédés (au moins huit, c'est beaucoup), mais absolument pas d'estimation du nombre de victimes indiennes, qui doit faire très peur : des rafales de fusil mitrailleur dans la foule à Church Gate ne laissent rien présager de bon.

On parle donc aussi de déstabilisation générale du pays, orchestrée par soit les Pakistanais, soit par les nationalistes hindous, qui accusent le parti du Congrès actuellement au pouvoir de n'être pas assez ferme avec la menace islamiste.

Toujours est-il que, en six mois, plusieurs centaines de personnes ont laissé leur vie : il y a eu Jaipur (60 morts), Ahmedabad (59 victimes), New Delhi (une trentaine) puis l'Assam (cause sûrement différentes, des autonomistes sont très probablement à l'originie de la soixantaine de décès). On avait fait part de l'extrême distance de la population après les attentats de Jaipur ou Ahmedabad, il semble que ce soit un tout petit peu moins le cas maintenant. Je vous retranscris le saisissant témoignage qu'a laissé Mukesh Mehta sur le site du Monde :
"Etant un Indien et habitant à Bombay, il est très difficile d'expliquer nos émotions aujourd'hui. On a peur, mais ce n'est pas la chose la plus importante, les "mumbaikars" (comme les gens de Bombay sont appelés) deviennent indifférents, à la violence, aux actes de terrorisme et aux morts, et cela me fait peur. (...) Il est ironique que la plupart des Indiens sont végétariens, pour respecter la vie des animaux, mais lorsqu'il y a une autre vie humaine, ils deviennent indifférents. Notre pays est l'un des plus pauvres du monde, 60 % de la population doit vivre au jour le jour, une journée s'ils n'ont pas du travail la famille doit rester sans manger. C'est le cas même à Bombay, les gens seront obligés de mettre des émotions à part et de recommencer leur vie comme si rien ne s'était passé, vive l'indifférence, la tolérance et l'esprit de l'Inde."

Je commence à avoir peur pour ce pays...là ils tiennent encore solidement ensemble, mais si ça continue comme ça pendant deux ans, avec en plus les nationalistes hindous au pouvoir, qu'est-ce-que ça va donner ? L'Afrique a l'air d'aller mieux, pas l'Inde.

PS : pour ceux qui connaissent, voici une carte Goople Map qu'Al Jazira a réalisée.

PPS : voici un article du Nouvel-Obs que je viens de trouver. Les attaques auraient été revendiquées par les Moujahidin du Deccan (plateau de Bangalore), probablement affiliés aux Moujahidin indiens, des combattants indiens musulmans, séparés du Pakistan, qui cherche à promouvoir la cause musulmane du pays (notamment à faire juger les responsables des attaques ethniques du Gudjarat en 2002, au cours desquelles 2000 musulmans ont été massacrés). Et s'attaquer aux Occidentaux servirait juste à faire plus de bruit. Plutôt convaincant comme analyse.

Encore un article judiciaire

Arrivé depuis le blog de Pascale Robert-Diard, en provenance de celui de Maître Mô, escale chez Maître Eolas entre temps. Ca parle un peu des peines planchers, dont, bien évidemment, je n'ai toujours pensé que du bien. http://maitremo.fr/2008/10/27/miserable/

jeudi 27 novembre 2008

La France (et l'Europe) dans la politique US

C'est remoi après une période d'hibernation due au fait que j'oublie régulièrement que des histoires sur la campagne américaine trois mois après, personne n'en aura plus rien à f*****.



Bon, on est déjà presque un mois après ladite élection et donc je sens l'intérêt de ma chronique baisser comme la bourse ces temps-ci, il faut que je me bouge. Justement, pour relancer l'intérêt du public, voici un sujet qui nous concerne tous, pour essayer de comprendre un peu mieux de comprendre les attaques des républicains, que l'on juge assez gratuites la plupart du temps, contre les Européens en général et surtout, surtout, la France en particulier.



Parce que bon, si on pouvait à la rigueur comprendre que les bushistes ne nous aiment pas après l'épisode irakien en 2003, les attaques comme celles de Mitt Romney, ex-favori à l'investiture républicaine, peuvent laisser pantois. Car oui, en jetant l'éponge ce monsieur a expliqué dans son discours qu'il se battait pour que les Etats-Unis (je cite presque): "ne deviennent pas un pays en déclin, comme typiquement la France".



Mais rassurons-nous, si les Français ont une place de choix lorsqu'il s'agit de balancer sur un allié traditionnel, le reste de l'Europe n'est pas épargné. En fait, les néoconservateurs ne sentent pas beaucoup d'affinités idéologiques avec les Européens, volontiers accusés d'être ces idéalistes superficiels, toujours vivants seulement parce que les Etats-Unis les protègent depuis la fin de la Deuxième Guerre. Ce sont aussi des pays socialistes où la liberté (entendre: économique) n'existe pas. C'est ainsi qu'on pouvait voir pendant la campagne des chroniqueurs accusant Obama de vouloir transformer son pays en un endroit où les gens ne sont pas la libres comme le Danemark.



Et les mêmes de dénoncer, surtout, l'européanisation des parties "libérales" du pays: la côte Ouest et le Nord-Est. Il est vrai que ces deux parties là du pays ont désormais en commun avec les Européens d'être massivement pro-démocrates. Et c'est là que l'on comprend pourquoi les attaques contre les Européens sont avant tout à visées internes au pays, pour rassembler le bon peuple contre ses élites des côtes. Evidemment, il ne faudra pas s'étonner après ce genre de stigmatisation que McCain n'enlève que 4 comtés sur 3000 km de côte Ouest, et seulement 1 comté (rural) dans toute la Nouvelle-Angleterre (6 Etats au N-E de celui de New York, 34 grands électeurs tout de même).



Quand à tout ce qui est français ou francophiles, plus que l'apanage des libéraux, c'est celui des élites libérales honnies. Car oui, aux Etats-Unis tout ce qui est français est classe, fait chic. Et si personnellement je ne m'étais jamais trouvé particulièrement classe en parlant français, ce n'est pas l'avis des Américaines en général (pour une description plus détaillée sur ce point, lire absolument Manucures and me, Tome IV :American Beauties, d'Aurélien R.). Et donc, si vous voulez rassembler le populo de droite et taper sur ces élites hautaines et manucurées, tapez sur les Français ou la culture française, tout le monde fera le rapprochement.



Il y en a un qui se rappelle que les gens font le lien, d'ailleurs: c'est ce bon John Kerry. Les Républicains l'avaient attaqué sur sa francophilie et ç'avait bien véhiculé une image élitiste et patricienne du candidat Démocrate, issu qui de plus est de cette bonne Nouvelle-Angleterre. Une image dont il n'a pas su se défaire.



Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, mais restez connectés, car je vais écrire trois autres articles dans les prochains jours avant de conclure la série. Vous apprendrez des choses sur le vieux Sud, sur les jardins des candidats, sur le progressisme version Obama, et si vous êtes gentils nous vous révelerons peut-être le nom du père de l'enfant de R*ch*d* D*t* (oh non, pas ça)...




PS Deux liens tant que j'y suis. Sur l'équation français=démocrate élitiste, voici la réaction d'un blogueur à la banderole du Petit journal de Canal + "Cassoulet forever" déployée le 4 novembre devant le siège de NBC. Vous y découvrirez que le cassoulet, ben c'est une marque d'élitisme:


http://dallasmorningviewsblog.dallasnews.com/archives/2008/11/you-say-bean-st.html


et l'histoire de la banderole ici:



http://www.lepost.fr/article/2008/11/18/1329544_je-suis-passe-en-plein-ecran-sur-nbc-avec-la-banderole-cassoulet-for-ever.html#xtor=ADC-218



Et puisque jamais deux sans trois, toutes les cartes pour comprendre les résultats des élections sont sur le site du New York Times (je sais, c'est un peu tard, on est tous passés à autres choses, mais bon...):


http://elections.nytimes.com/2008/results/president/map.html

mercredi 26 novembre 2008

Il n'y a pas qu'au PS qu'on prépare 2012

Un article du Monde qui donne, pour information, quelques chiffres de la délinquance et les discours des membres du gouvernement qui les commentent et les résument : Les mauvais comptes des mineurs delinquants

Lors de mon stage dans le commissariat d'Evry, il y a trois ans, mes collègues m'avaient donné quelques statistiques aussi, à l'époque aussi en total désaccord avec le discours du ministre de l'intérieur de l'époque, Nicolas Bruni. Les vols avec violences augmentaient certes, mais le nombre total d'affaires déclinait.

Bien sûr le discours officiel n'est pas dénué de sens, simplement il consiste à falsifier des chiffres pour donner plus de consistence à un discours populiste. Evidemment on se rend compte assez facilement de l'impact que donne un discours commençant par "D'après les derniers chiffres de l'INSEE," face à un "D'après mon voisin chasseur," pour les réformes de la justice basées sur la suite du discours, "les jeunes sont des délinquants, vivent les peines-planchers."


Pour en finir avec la politique, le chômage augmente, d'après le gouvernement c'est la faute de la crise, d'après mon voisin chasseur c'est plutôt l'effet Sarkozy, voilà ce qui arrive quand on favorise les heures supplémentaires et qu'on supprime les 35h dans la foulée. Pour augmenter le pouvoir d'achat ça n'a pas trop marché, pour les chiffres du chômage par contre...

vendredi 21 novembre 2008

Un peu d'humour

Tout d'abord un lien vers un site réalisé par Pénélope Bagieu : http://www.monbeausapin.org/
Ce blog a été créé spécialement pour publier des planches de dessineteurs plus ou moins connus et pour chaque visiteur Orange reverse en peu d'argent à la Croix-Rouge qui se chargera d'acheter des cadeaux pour Noel aux enfants qui n'en ont pas. Une très bonne initiative et en plus les dessins sont marrants. Pourquoi se priver.

Bien plus drôle, on peut voir dans le diaporama qui défile sur le côté de nouvelles photos de notre voyage en Inde, celles de notre dernier repas à Bangalore, avec notamment certaines photos de Thierry à la mode indienne, ie avec une moustache, tout ce qu'il y a de plus viril. A ne pas manquer.
Par ailleurs toutes les photos de notre voyage en Inde sont maintenant en libre accès sur http://picasaweb.google.com/bertrandetthierry.

Tot ziens

Nouvelle méthode à Catane, Sicile

Non, pas la mafia. Du foot tout simplement.

Il s'agit de la technique dite du "short baissé", ou du "regarde mes fesses, pas la balle", selon le degré de politesse. Testée à l'entraînement (vraiment), réalisée contre le Torino. Coup-franc pour Catane, Plasmati s'apprête à tirer. Mascara, infiltré dans le mur, baisse soudainement son short. Pour obstruer le champ de vision du gardien, ou pour tout simplement le déconcentrer, les experts n'ont pas encore tranché. Toujours est-il que la frappe de Plasmati a fait mouche -moi je pencherais pour la seconde solution. A moins qu'il n'ait eu subitement chaud.
L'intéressé se défend assez bien -avant Catane, il a du être avant centre de l'équipe de la fac de droit : "Est-ce que mon geste est interdit par le règlement ? Non. Ai-je commis une obstruction sur le gardien ? Je ne pense pas. Est-ce que mon geste est obscène ? Je ne me suis pas déshabillé, tout de même !". En gros, son raisonnement est "c'est pas interdit, donc c'est autorisé".
Il y a fort a douter que dans les prochains jours, un nouvel alinéa fera son apparition dans le règlement du foot en Italie.


Crédit photo : AP/FRANCESCO PECORARO

mercredi 19 novembre 2008

Un article qui glace

Et qui s'appelle "justice glacée pour vieille dame en détresse". Toujours de la fameuse Pascale Robert-Diard. Pas le plus passionnant, pas le plus long non plus. Au fait, je l'ai trouvé en lien dans le dernier billet publié sur son blog, où renvoie vers Pierre Bilger, qui raconte qu'un prévenu a du comparaître les pieds entravés ("du à l'excès de zèle d'un gendarme"), et que le président, plongé dans ses dossiers, n'avait même pas entendu le bruit des chaînes. Ils ont tous l'air de décrire une justice moins humaine.

samedi 15 novembre 2008

Des fêtes locales

Une des joies de l'expatriation reste la découverte de coutumes tout à fait locale et dont on ne parle même pas sur TF1, enfin pour l'instant.

Parmi les coutumes néerlandaises, se trouve la fête de Saint Martin, ou Martinsdag comme on dit par ici. Elle a lieu le 11 Novembre, il y a longtemps ce jour marquait le début de quarante jours de jeûne avant Noël.

En fait Martinsdag ressemble au peu à Halloween : les enfants forment un procession qui se déplace de porte en porte dans le but d'accumuler des bonbons, chocolats et autres denrées glucosées. En échange les joyeux bambins chantent des chants en l'honneur de ce bon Martin et trimballent des petits lampions avec eux. Ca m'a fait penser à Halloween chez les scouts quand un petit garçon tenant un lumignon et chantant s'est présenté devant la grande fenêtre du salon. Oui, il y a une immense fenêtre qui sépare le salon de la rue, juste à la place du mur, cela permet aux habitant de la maison de regarder passer le facteur et tomber la pluie, et aux passants de jeter un coup d'oeil à l'intérieur. Pour revenir au petit bambin, malheureusement, voyant que je ne pipais mot à son néerlandais il a vite fait d'aller mander l'aumône chez les voisins. C'est bien dommage pour lui, s'il avait parlé français, il aurait hérité de quelques macarons de Thierry, voire s'il m'avait chantonné du Brassens, il aurait mérité un petit peu de saucisson.

En tout cas cette fête est bien faite pour les enfants, et sur ce point on peut dire que les petits Hollandais sont mieux lotis que nous. En effet parfois les joyeux drilles reçoivent des cadeaux pour Martinsdag (Saint Martin, alors à l'époque motard dans la cavalerie romaine, avait partagé son blouson avec un SDF qui se les gelait au bord d'un route pavée. La crève qu'il aura eue le lendemain valait bien les millards de sesterces de droits d'auteurs qu'il touche maintenant). Viennent ensuite la Saint Nicolas le 6 décembre et Noël le 25, belote et rebelote. Et pour ceux qui ont des origines espagnoles, très peu nombreux aux Pays-Bas il faut le dire, compte tenu du climat, il y a les Reyes Magos le 6 janvier.
En France, même si on se dit antiaméricains, on fête surtout Noël comme chez l'autre Sam. Quel manque d'imagination.

vendredi 14 novembre 2008

Google toujours plus haut

Ils font de la philantropie, et parfois mieux que les spécialistes. Exemple : ils agrègent les recherches de mots clés "fièvre", "douleurs musculaires" et "symptômes de la grippe" par zone géographique, et ainsi détectent les épidémies avant que l'agence officielle ne l'ait fait, elle qui se base sur le témoignage des médecins, souvent consultés après Internet. Ils ont fait des tests sur les dernières années, leur résultats sont bons, et ils ont souvent presque deux semaines d'avance sur le Centre de Contrôle des Maladies.

Autre nouveauté : leur chat audio-vidéo, simple, et apparemment mieux codé (plus largement compatible) que Skype. Si vous voulez me parler, j'ai bien sûr les deux logiciels, identifiants pistouille sur gmail et thierry.kauffmann sur Skype (Bertrand a l'unique pseudo getzze).

Jusqu'où iront-ils ? Quand se reposeront-ils sur les lauriers, pour devenir une entreprise prout-prout ?

dimanche 9 novembre 2008

Amérique des villes et Amérique des champs.

Si Obama a résisté plutôt pas mal dans les campagnes, c'est aux villes qu'il doit sa victoire. Dans plusieurs Etats clés les écarts entre ses scores entre les villes et les campagnes sont saisissants.

Dans le Colorado Obama fait plus de 70% à Denver et à Boulder et y totalise 200 000 voix d'avance sur son rival (sur l'Etat il a à peu près... 200 000 voix d'avance).

A Philadelphie, un score soviétique de 83% pour Obama, avec au passage 460 000 voix d'avance. Difficile pour McCain de gagner la Pennsylvanie dans ces conditions: même s'il remporte la plupart des comtés ruraux, le retard cumulé de plus de 600 000 voix accumulé dans la région de Philly se traduit par un retard de... 600 000 voix.

En Virginie, le Démocrate ramasse la totalité de ses 230 000 voix d'avance dans les faubourgs de Washington DC (de l'autre côté de la rivière Potomac), ramasse aussi 80% dans la capitale de l'Etat -- Richmond. Cela, et sa victoire dans le port de Norfolk contrebalancent le vote de l'intérieur des terres.

Tout cela pour montrer le fossé croissant entre une Amérique urbaine (souvent plus cultivée) et une Amérique rurale, qui bon, connaît sans doute la Genèse mieux que moi. L'une vote très démocrate, l'autre très républicain. En fait cela fait sans doute longtemps que c'est vrai, mais c'est G Deubeuliou Bush qui a fait exploser cette tendance. Cela lui a permis de faire un tabac et les Réublicains sont passé de 39 millions de voix en 1996 (Bob Dole) à 50 millions en 2000 puis 62 millions en 2004. Les Démocrates ont eu beau gagner des voix d'une fois sur l'autre (de 47 M en 1996 à 50 M en 2000 et 59 M en 2004, merci wikipédia), ça s'est révélé un peu cours.

En fait Bush faisait la différence dans les "suburbs" car il jouait sur les peurs et dans ces zones résidentielles on est très peureux (source: Jean-Marie Le Pen, 2002). Ainsi, s'il était distancé dans les villes elles-mêmes, il se rattrapait dans ces banlieues en plein boom puisqu'à ce moment là les subprimes étaient un produit financier noté AAA qui permettait d'acheter une maison. Cela donnait une certaine modernité à son électorat: il a remporté 97 des 100 comtés qui connaissaient la croissance démographique la plus rapide (source: je sais plus).

Une crise financière plus tard, les Républicains ne sont plus prédominants dans ce type de secteur. Et ils n'existent toujours pas dans les comtés universitaires. Quand aux cités, elles ressemblent de plus en plus à des zones de parti unique. L'adhésion massive envers les démocrates n'y dépend même plus tant des couches sociales. Un exemple: New York où Obama ramasse 85% dans Manhattan, 88% dans le Bronx et plus de 74 % dans le Queen's et à Brooklyn. Il fait aussi des scores énormes dans le Nord du New Jersey, qui appartient à l'agglomération de New York. C'est un peu comme si toute l'agglomération parisienne se reconnaissait dans un seul candidat: voit-on le 16e (dans le rôle de Manhattan) et Argenteuil (dans le rôle du Bronx) se ranger derrière un seul parti?

Les Démocrates sont désormais (très) majoritaires dans tous les centres où s'imagine l'avenir économique et culturel du pays. Tant que les Républicains représentent des valeurs qui sont déconnectées de celles de ces centres, ils auront sans doute du mal à faire voter pour eux en jouant non pas sur les peurs mais sur les espoirs des gens. En tout cas le "maverick" qu'est John McCain n'a pas su y faire exception en 2008.

vendredi 7 novembre 2008

Elections américaines : petites analyses

Coucou à tous,

Je tiens tout d'abord à remercier Bertrand (mais c'est qui Bertrand ?) et Thierry pour héberger dans leur (très chouette) blog quelques unes de mes réflexions sur la campagne électorale qui vient de se terminer aux Etats-Unis. Plusieurs raisons à cela: je suis actuellement à Champaign à l'université d'Illinois (l'état d'Obama) où viennent étudier les jeunes de Chicago, mais aussi ceux des plaines du Midwest. Pour observer, décortiquer, se forger une opinion, c'est plus facile que depuis la France. La deuxième raison est que j'ai été au taquet pendant cette campagne, plus ou moins depuis janvier et les caucus de l'Iowa qui démarrent le processus électoral. Je l'ai donc suivie de près.

le postage va être un peu chaotique mais je vais essayer de fournir des points de vue originaux et de dire des choses qui peuvent échapper à nos esprits de Frenchies...

jeudi 6 novembre 2008

Deuxièmes prénoms...

On a suffisamment entendu que celui d'Obama est Hussein...mais jamais que celui de Biden est Robinette ! Je préfèrerais pourtant m'appeler Hussein, qui est un prénom qui existe, même si mal connoté maintenant, à Robinette ! D'autant plus que son père possédait déjà les deux mêmes prénoms...la seule solution est qu'il trouvait Robinette si risible qu'il voulait que quelqu'un endure les mêmes souffrances que lui, et ça ne pouvait être que son fils. Si la France et les Etats-Unis se brouillent, le Canard Enchaîné en profitera, c'est sûr.

mercredi 5 novembre 2008

Démographie des votes

Petite synthèse, pas liée, de la démographie des votes, grâce aux sondages sorties des urnes ("exit polls" en anglais, c'est tellement simple...), collectés sur le site de CNN. Ils vont beaucoup plus loin que ce qui est permis en France. Certains ont déjà du faire le boulot, mais c'est toujours Justifierintéressant pour moi de tout re-regarder par moi-même.

A propos, hier je suis allé me coucher alors que la victoire d'Obama était seulement très probable. En gros, j'ai pas attendu la côté ouest...et ce matin en arrivant au boulot, je vois le titre d'un journal "Americans wanted no change", au dessus d'une photo de McCain. Incompréhension...et en fait, le mec qui était en train de lire m'a montré l'autre couverture, à l'envers, titrant sur la victoire d'Obama. Le journal avait sûrement été imprimé avant les élections. Sur le coup, ça fait bizarre tout de même.

-Les femmes ont évidemment voté plus Obama

-Le plus de mélanine, le plus démocrate (dans l'ordre Blanc (seuls à avoir choisi en majorité McCain), Asiatiques, Latinos puis Noirs (96% !))

-Le plus vieux, le plus républicain (parmi les Blancs, seuls les 18-29 ans ont voté Obama)

-Les syndiqués ont voté Obama, les autres étaient plus partagés

-A part les très riches/postgraduates, le plus d'études ou le plus de revenus (corrélé), le plus républicain

-Seuls les Protestants ont voté en majorité McCain, et les Juifs ont le plus voté Obama (78% pour l'ensemble, alors que les Juifs blancs ont voté Obama à 83%...c'est bizarre, y'a pas trop de Juifs pas blancs il me semble) que les athées (75%). Axelrod (cf conclusion) est Juif, je crois que ça les a rassurés.

-Le plus pratiquant religieusement, le plus républicain (et les protestants plus républicains que les catholiques)

-Les born-again ont défoncé à 75% Obama...normal, quoi

-68% des primo-votants ont choisi Obama (jeunes+Noirs vs épouvantés d'Obama), parmi les autres c'est 50-50

-52-47 pour Obama parmi ceux qui ont fait leur choix avant septembre...à quoi servaient les millions dépensés depuis ? Les deux auraient mieux fait d'aller au WEI de toutes les écoles d'ingénieurs et de commerce avec l'argent. Je pense qu'ils auraient été tous les deux bons au concours de déguisement.

-13% des Américains ont aidé uniquement la campagne d'Obama (80-19 pour Obama), 6% celle de McCain (17-82 pour Mc Cain), et 13% les deux (47-51 pour McCain). Participation à la campagne plus élevée qu'en France, il me semble !

-83% des Démocrates pour Hillary Clinton ont bien reporté leur voix, alors que seuls 62% des Démocrates soutenant qqun d'autre que Clinton/Obama ont voté Obama

-54% de ceux qui ont servi dans l'armée ont voté pour McCain

-62% de ceux qui ont au moins un gun à la maison en ont fait de même

-Les gays/lesbiennes/bisexuel(le)s ont voté Obama à 70%

-Seulement 53% des campagnards ont voté McCain (63% dans les villes pour Obama)

-Allez regarder les résultats sur première dame/colistier(ère), c'est intéressant mais compliqué à expliquer (page 4 sur le site de CNN)

-Ceux qui trouvent Obama trop conservateur ne l'ont choisi qu'à 49-44%...c'est bizarre

-Plus ils trouvaient l'économie en bonne santé, plus ils votaient McCain...mais ceux qui pensaient qu'elle allait empirer ont aussi voté McCain...bizarre aussi

-Plus ils approuvaient le plan Paulson, plus ils votaient Obama. Or je rappelle que les pauvres ont voté assez fortement Obama. Bizarre encore, ça paraît être la classe moyenne qui rejetait le plan Paulson donc.

-Plus ils croient à l'amélioration des "relations raciales", plus ils votaient Obama. Toujours bizarre, j'aurais cru que c'était plutôt décorrélé.

-Ceux pour qui l'âge ou la race du candidat étaient un facteur important ont plus voté Obama

-Ceux pour qui le choix de Palin était le plus important ont voté Obama à 52%, alors que la moyenne de ceux la qui considéraient comme importante ont voté McCain à 56%. Ca ça fait peur (nombre d'électeurs ont voté McCain grâce à elle), mais c'est rassurant pour lui quant à son choix, et pour Obama, pour qui c'est toujours plus gratifiant d'être élu pour sa personne et non contre l'autre colistière.

-Révélateur : 90% de ceux qui pensaient que McCain continuerait dans la même voix que Bush ont voté Obama, 85% du reste est pour McCain. Ca veut dire qu'Obama a bien eu raison de marteler leur ressemblance, et surtout que Bush est TRES impopulaire : on pourrait penser que les faucons ultraconservateurs, contents de Bush, espéraient que les McCain suive Bush.

-Autre point rassurant pour Obama : ceux qui considéraient plus le fond ("the issues") que la personnalité des candidats l'ont porté à 60%, proportion inversée pour les autres

-89% de ceux qui aspiraient avant tout au changement (34% des électeurs tout de même) ont élu Obama : encore une fois, la campagne d'Obama aura été bien ciblée.

Bravo à Obama et ses stratèges. La photo est celle de David Axelrod (stratège en chef d'Obama, qu'il suit depuis les sénatoriales 2004, soit en gros responsable de sa com, inventeur du robuste "Yes we can !", à ne pas confondre avec David Plouffe, directeur de campagne), il n'est tellement pas sexy ! Bravo à McCain aussi, sans démagogie, parce que, comme on le savait tous et comme les sondages l'ont montré, c'était vraiment pas facile de passer après George Bush. Bravo aussi aux électeurs républicains de l'avoir choisi lui aux primaires, et pas un Mitt Romney ou un Mick Huckabee qui auraient été hachés menus.