Bangalore est l’équivalent indien de Dallas, je vous donne le script pour gratuit. Qui ne traite pas de l’homosexualité, pour cela, lire cet article.
L. est une fille de l’institut de Bertrand, et est plutôt jolie. Mais ça n’excuse pas tout. Que son collègue X. lui dise qu’elle est belle, ça va. Quand il se renseigne, directement auprès de l’intéressée (qui ne l’est pas en fait, intéressée) si elle a un petit copain, ça va aussi. Qu’il lui demande si elle en a plusieurs, un peu moins. Et qu’il la questionne si oui ou non elle regarde des films pornographiques, là franchement c’est excessif.
D. travaille, lui, dans mon labo, et a une copine. Qui ne se mariera pas avec lui.
S., ne voit son copain que quand elle rentre chez elle. Problème, les familles ne sont pas au courant, ils se voient chez l’un ou chez l’autre en faisant semblant que rien ne se passe. Ils sont pourtant sûrs de se marier dans deux ans, car rien n’empêchera cette union.
Vous aurez deviné les nationalités, L. est Lucie, française de son état, X., je ne connais pas son vrai nom, mais est indien, de même que les fameux Deepak et Smitha, mes collègues. Cette petite introduction pour vous montrer que les amours des jeunes Indiens sont plutôt tourmentés. D’un côté, le modèle ancestral de mariage arrangé, même région, même caste, même statut social, l’homme cinq ans plus vieux. Modèle qui a fait ses preuves de nombreux siècles durant. Mais les jeunes éduqués voient maintenant des films américains, dans lesquels certains héros éprouvent plus de difficultés à faire leurs lacets qu’à coucher avec la première fille venue, et j’exagère à peine.
Ce qui paraît transpirer des quelques cas présentés est que les jeunes « s’amusent », avant le mariage, puis se plient aux volontés de leur familles. C’est un tout petit peu plus compliqué que ça. Déjà, même lorsqu’ils sortent ensemble, c’est très très chaste, du moins en public. A croire qu’il existe une loi indienne, s’appliquant à tout le domaine public, aussi restrictive (liberticide devrais-je écrire pour être à la mode) que le règlement intérieur du collège Notre Dame de Saint Jean le Baptiste du Miséricordieux Seigneur, domiciliée comme il se doit à Versailles.
J’ai l’impression que dans la plupart des familles, les mères surtout, et les pères dans une moindre mesure, acceptent les mariages d’amour. Tant qu’ils respectent certaines règles. Première règle, comme dans beaucoup d’endroits au monde, les familles doivent être du même niveau social. Les castes rentrent aussi en compte, vous l’aurez imaginé – et je ne parle même pas de la religion, c’est une évidence. C’est aussi mieux si les époux viennent de la même région, ne serait-ce que parce que c’est mieux s’ils parlent la même langue, et surtout que traditionnellement la femme rejoint la demeure familiale de son mari, et que c’est bien si elle même n’est pas trop loin de ses propres parents. Mais ça, ça commence à bouger, car c’est souvent une grande peine pour les jeunes mariées, sur lesquelles les belle-mères se vengent de ce qu’elles ont subies elle-même. Ensuite, il faut se marier dans l’ordre de la fratrie, c’est la honte pour l’aînée, et donc pour la famille entière, si la cadette se marie d’abord. Enfin, il ne faut pas que les époux soient trop vieux, ils n’existent presque pas de vieux garçons ou vieilles filles ici – par contre les couples sans enfants sont nombreux parmi les chercheurs et entrepreneurs, pour travailler sans entraves soirs et week-ends…
Dans le cas de Smitha, le problème est que son aînée n’a pas d’amoureux, et qu’elle n’a rien trouvé de mieux que de s’expatrier en Arabie Saoudite. Ce sera mariage arrangé pour elle, l’été prochain. Donc Smitha, qui est bien de la même caste et tout et tout que son copain, doit attendre l’été d’après. Pas de chance.
Pour Deepak, c’est un problème de caste avec sa copine. Du coup, il me dit : « si je me ramène une fille bien avant trente ans, mes parents me laisseront me marier avec elle, sinon ils en trouveront une pour moi ». Joli compromi ma foi.
Et l’histoire de Lucie dans tout ça ? Juste pour montrer que les garçons indiens imaginent que, puisque dans les films américains, les femmes sont aussi faciles qu’elles ont des gros seins, et bien toutes les Occidentales ne les refuseront jamais. C’est parfois un peu pénibles pour elles, surtout qu’apparemment, comme A., ils ne sont pas vraiment des modèles de finesse.
Ah oui, une dernière anecdote. Kamel, autre Français, s’est vu approcher récemment par un de ses collègues. Je vous retranscris le dialogue, qui s’est bien sûr déroulé en anglais :
-« Kamel, tu aimes les films ? »
-« Ouais, j’adore les films. »
-« Et tu aimes les filles ? »
-« Bien sûr ! Personne ne les aime plus que moi »
-« Et tu as un ordinateur ? »
-« Oui. »
-« Tu as des films sur ton ordinateur ? »
-« Ben oui. »
-« Et tu as des films de, comment dire, filles sur ton ordinateur ? »
-« Ouais j’ai des films d’action sur mon ordinateur ! »
-« Parles moins fort, on est au labo, des gens pourraient nous entendre. »
Pauvres Indiens, obligés de regarder des films pornos pour passer la frustration. Ou de rouler volontairement sur les bosses ou freiner brusquement, lorsque qu’ils ont une fille passagère arrière de la moto. Dans l’espoir que leur corps se touchent une demi-seconde. J’ai oublié de dire que les filles ont gardés leur amples habits traditionnels, alors que les garçons sont vêtus à l’occidentale. Pour ne pas montrer leurs formes, disent les garçons.
Je suis parfois content d’être né français.
2 commentaires:
De Reza Machisti, de Hamadan, Iran. Dans un pays civilisé comme le nôtre, les mariages sont arrangés et les femmes ne peuvent pas tout faire. Mais elles ont le pouvoir à la maison (chut ! Ne le répétez pas trop) et sont heureuses avec leurs amies. Leur sort peut être préférable à celui d'Occidentales, libérées, et divorcées, mères de jeunes enfants.
C'est au moins ce qu'ont reconnu des visiteurs européens chez nous, il y a quelques années (de qui s'agissait-il ? Je ne sais plus ...)
de Ali Hadji, 42 ans, sympathisant de Al Q. L'Islam est vraiment la religion la plus élevée et civilisée du Monde, béni soit le nom du prophète ! D'ailleurs Courrier International de fin mai en dévoilait un de ses nombreux bienfait, en Inde justement. Si un musulman en a marre de son épouse, et a trouvé une petite mignonne plus à son goût pendant un voyage d'affaire, il suffit qu'il envoie un mail ou un SMS, et hop, sa femme est répudiée. Un commentaire sur votre blog, je ne sais pas si ça marche !
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