mardi 3 juin 2008

Bombay, la ville des contradictions (par Bertrand)

Après les voyages à la plage et à la montagne, nous avons visité Bombay, visite hautement plus intéressante pour connaître, si ce n'est comprendre, la société indienne. Pour celà nous avons profité d'un weekend de trois jours autoproclamé et surtout de l'expertise et de la connaissance de terrain de Marine (que nous avions rencontré dans l'avion) et de sa cousine Christelle, ainsi que d'Adrien Quesnel (un camarade de l'X en stage à Bombay) et d'Alex et Subodh, étudiants respectivement à HEC et à l'IIM (Indian Institute of Management) d'Ahmedabad, tous deux colocataires et co-stagiaires d'Adrien.



Nous logions chez Adrien, Alex et Subodh dans le nord à une heure de train de Colaba, la pointe sud de Bombay, quartier riche où se trouve notamment le Taj Mahal Hotel, le plus cher de Bombay. Nous n'avons donc globalement pas profité de nos matinées, sauf pour dormir et pour les transports en commun.
Vendredi, visite d'Elephanta Caves, des temples taillés dans la roche et ornés de sculptures de Shiva. Ils sont situés sur une île à une heure de bateau. Cela nous a permis de voir Bombay depuis la mer, apercevoir les immenses pipelines qui acheminent le pétrole des cargos vers la ville et les raffineries, de compter les palques de pétrole flottant sur l'eau, de réaliser à quel point l'eau est impropre et remplie de déchets en tous genres.
C'est une constante à Bombay, la saleté. La ville est remplie d'ordures. Ne disposant pas de poubelles, ou en tout cas pas de système de traitement des déchets, ceux-ci finissent immanquablement soit à la mer, soit dans les rivières-égouts de la ville, soit dans la rue et servent d'habitats à certains.
Mais au détour de tas d'ordures on peut trouver des lieux impeccables, comme la boîte de nuit où nous ont emmenés Marine et Christelle. Située derrière une usine de pneus, cette boîte de nuit et un lieu de rencontre pour la jeunesse dorée de Bombay, on y rencontre top models et stars de Bollywood. Les prix y sont européens, à savoir 7€ le verre d'alcool.
Ca ressemble à s'y méprendre à une boîte parisienne hyperbranchée, un lieu que je n'aurais jamais fréquenté en France, faute de moyens et surtout d'envie. Mais à Bombay, ce même lieu devient à la fois abordable et surtout intéressant. On y rencontre des Indiens qui ont réussi, qui sont pour la plupart conquis par le modèle occidental, et malheureusement par ses travers, des jeunes gens qui seront ou sont l'élite, économique et culturelle, de l'Inde. Au milieu des bidonvilles.
On peut ainsi décrire Bombay : une ville où on peut croiser au même endroit deux personnes qui gagnent à elles deux environ 10 001 roupies par jour. Aux antipodes de Cuba.



Le samedi, visite de la ville avec pour finir, Malabar Hill, d'où on aperçoit la ville, Marine Drive, une promenade le long de la baie, magnifique la nuit et la Mosquée Hali Adji, construite sur des rochers en pleine mer et à laquelle on ne peut accéder que par une digue. Le tout couronné par un repas dans un restaurant occidental sur la plage à ciel ouvert et une soirée dans un bar, Jazz on the bay, à écouter de la musique américaine. Il n'y a pas à dire, Bombay bouge beaucoup plus que Bangalore, et c'est bien plus vivant, au moins les bars ne ferment pas à 23h.

Le dimanche nous avons visité le marché, dit Marché des Voleurs, alternant stands de fruits et légumes, d'ustensiles de cuisines, de radios et électronique en tout genre et de moteurs de ricksaw.
A suivi une visite d'un musée regroupant nombres d'oeuvres d'art récupérées dans les anciens palais indiens et dans les temples, notamment des peintures, des statues de dieux, des bijoux et autres apparats.
Pour finir on a dit au revoir à nos hôtes à Juhu Beach, une plage bondée un dimanche soir, dans le quartier de Juhu, huppé et très prisés par les ressortissants étrangers.



Enfin trois jours sont insuffisants pour appréhender une ville comme Bombay. Cette ville est un exemple des contrastes et de contradictions de l'Inde. Que des immeubles aux chambres à 1500€ par mois jouxtent des bidonvilles ne choque personne, et surtout pas les démunis. Les déchets détruisent le littoral et donnent à la ville une allure de décharge urbaine, avec son lot de maladies, et rien n'est fait pour l'empêcher.
Il est évident (en tout cas j'espère) qu'un jour tout ça va changer, ces contradictions vont s'estomper, l'occidentalisation de la population aidant. Ce système, cet équilibre écologique, économique et social ne peut pas s'étendre indéfiniment, même si pour l'instant il n'y a pas l'ombre d'un changement et encore moins d'une amélioration. Le jour où les mentalités changeront, il y aura du travail pour les usines de recyclages de déchets et pour les constructeurs immobiliers.

Les quelques photos (pas facile de prendre des photos dans les villes) : http://picasaweb.google.fr/getzze/Bombay

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bombay peut aussi évoluer pour ressembler à São Paulo, auquel cas pourront toujours se croiser deux personnes qui gagnent à elles deux 10001 roupies par jour, sauf que dans cette configuration le pauvre ne trouve pas vraiment la situation normale. Certains pauvres d'essayer alors de se servir chez les riches qui se protègent en ghettoisant la ville et en utilisant la police contre les plus démunis... Ambiance...

Anonyme a dit…

J'ai vu la petite dédicace, il fallait que je réagisse.

Parce qu'il faut nuancer parce que Cuba c'est plus ce que c'était. Les inégalités commence à être importante entre ceux qui ont accès à l'étranger (que ce soit de la famille à l'étranger ou que ce soit des touristes) et les autres. Un taxi gagne plus qu'un médecin alors qui veut être médecin ?

Et puis je commence à me dire qu'une société trop égalitaire c'est pas forcément très bon non plus : "ils m'ont fait ça à moi". Tout est dans le trop. Trop égalitaire ca ne tire pas les gens vers le haut.



Voilà, c'était la minute politique du spectacle.

Je retourne lire un septième fois l'article sur le criquet, je comprends vraiment rien à ce sport d'anglais.

Anonyme a dit…

Ali est un prénom musulman classique, et Hadji signifie "qui a été sanctifié par le pèlerinage à La Mecque". Avec le H de ce côté, ça me paraît plus conforme à la sainte religion.
A propos, vous parlez très peu dans votre blog de la grandeur de cette belle religion fondée par le prophète Muhammad, béni soit son nom.
Pouvez-vous nous en dire plus ?

Ali Hadji, 42 ans, sympathisant de Al Q (chut, c'est une organisation secrète, bénie soit son nom ...)

Anonyme a dit…

Effectivement un petit tour sur wikipedia qui est décidémment au courant de tout pour confirmé que le nom de la mosquée est Haji Ali Mosquee, du nom de Haji Ali, riche marchand qui l'aurait fait construire et qui serait mort en allant à la Mecque. Ces cendres seraient revenues à Bombay en flottant sur la mer.
Sinon plusieurs articles sur les religions mineures en Inde vont suivre, avec bien sûr l'Islam.