Le mel qu'a envoyé Thierry à Marine pour lui raconter le weekend qu'elle a raté :
"Bonjour Marine,
Comme demandé, voici mes impressions sur cet état, réputé riche et beau. Précisons d'emblée que le but n'est pas de te faire regretter quoi que ce soit, mais plutôt de décrire ce que peu ont la chance de voir, à savoir le Kérala, par beau temps en période de mousson. Dès que la pluie pointait le bout de ses gouttes, un toit nous abritait, que ce soit celui d'un restaurant, d'un magasin ou de l'hôtel. La mousson aidant, la nature était plus verte que jamais, enfin, c'est ce que j'imagine, puisque bien entendu c'était la première fois que nous allions au Kérala.Le premier jour, comme tu l'avais suggéré, rapide réservation d'une chambre d'hôtel, à Ernakulam, puis on saute dans un bus qui partait dans la seconde pour Allepey. Najat, qui remplaçait Elodie, prise finalement par une réunion à Bangalore, a pu s'assoir, Bertrand et moi nous somme adjugés les marches pieds. Pas très confortable, une vue imprenable sur la porte, mais on a pu discuter. Peut-être un jour n'aurons nous plus rien à se dire, mais ce jour n'est pas venu, et ne semble pas proche. Sitôt descendus du bus à Allepey, tout le monde nous saute dessus : "house-boat, backwaters, guide" remplaçait le légendaire "merci, chewing-gum, préservatif" adressé aux Marines américaines qui venaient nous délivrer du moustachu. A croire qu'il n'y a vraiment rien d'autre à faire dans ce bourg, pas si petit que ça. On rentre dans une officine, négocie péniblement, pour mieux engager un homme d'apparence simple, qui nous demandait moins. Nous voici dans sur les back-waters, réseau de canaux protégés de l'océan par une digue naturelle. Un bon terreau pour toutes sortes de plantes aquatiques, envahissant toute la surface aux alentours des villages, là où l'eau est sale. Et nous, toujours propres, partagés entre le contentement de vivre ce dont beaucoup nous ont parlé, et la peur que quatre heures sur un bateau, ce soit un peu long. D'autant plus qu'il n'est pas bien rapide, notre modeste convoyeur, le motor-boat, moins cher que son grand frère le house-boat, grosse tortue de mer, ou bateau du jeu Warcraft, c'est selon la culture.
Assez rapidement, on est pris par le calme, la sérénité des paysages. Un ciel sombre, beau, qui rejoint au loin l'eau et la terre, dont les couleurs se mélangent. Un ciel qui paraît plus fort que la terre, c'est rare. Parfois, on revient en Inde, quand un house-boat croisé par hasard nous klaxonne, ou quand ses passagers nous disent "bonjour", et jubilent quand on leur confirme que nous sommes bien français. Puis pause chez un habitant d'une île, qui affiche sur la carte de sa demeure "fish, chicken, prawn, duck". Bertrand n'en peut plus. S'il adore le poisson, le canard est sa vie. Instantanément se réflètent dans ses yeux des magrets, dorés à point. La viande arrivera, en sauce, trop épicée. Pas mauvais, mais tout de même décevant. Ils sont nombreux à habiter sur ces îles, à devoir prendre le bateau pour se rendre à la ville. C'est un peu pénible, mais il y fait moins chaud, nous dira un homme rencontré à la gare de bus.
Avant de rejoindre cette dernière, détour par la plage, au crépuscule. Là aussi, de la tranquillité, avec cette longue étendue de sable. Mais l'eau y est violente -un robuste Italien s'y est cassé la clavicule m'a-t-on prévenu, alors que j'allais me mouiller les pieds. Vraiment quelque chose d'impressionnant, ce ciel tout noir maintenant, ces vagues qui se cassent près de la plage, dans un bruit plus résonnant qu'assourdissant.
Retour en bus, mal assis sur près de la boîte de vitesse, à discuter avec un local, émêché et très sympa, qui nous a proposé de nous revoir le lendemain, mais aussi de nous de calmer notre faim, puis d'aller boire des margharitas chez lui. Une dosa (sorte de crêpe indienne, dans laquelle on mets des légumes ou des patates) d'accord, le cocktail non, on était fatigué, et surtout Najat est musulmane pratiquante. Le lendemain, pas d'appel de sa part, ce n'est pas grave, j'aurais passé un bon moment avec lui dans le bus.
Dimanche, réveil en douceur, puis Bertrand nous informe "ce week-end, j'ai envie d'acheter". Bateau direction le quartier juif de Fort-Kochi, on achète rapidement des singes en noix de coco, puis on passe presque une heure dans un grand magasin, où des habits poussiéreux sont empilés par taille. Le vendeur est très gentil, on lui achète dix items à nous trois. C'est une constante à Kochi, les marchands essaient de nous alpaguer, mais acceptent très bien qu'on dise non. Peut-être n'espèrent-ils plus rien en basse saison, ou peut-être sont ils plus avenants naturellement. C'est ce qu'on dit des Kéralais.
Fort-Kochi est assez charmante, allure de petit village européen. Quand tous les touristes sont là, ce doit être étouffant, mais là, c'est bien reposant, au contraire. On s'arrête aussi dans une galerie d'art, qui vend des jolies choses, un peu chères pour nos budgets. On y a croisé une Anglaise, et quel plaisir d'entendre leur accent mélodieux ! S'il est plus difficile à saisir que la version indienne ou américaine, il est beaucoup plus doux à l'oreille. A ce propos, j'aime aussi l'anglais qu'use Christelle, il sonne bien.
Repas gargantuesque dans un restaurant mignon, une grande terrasse couverte et ventilée, décorée simplement. Ils proposent sur leur carte des milliards de plats alléchants, du boeuf, du canard, du poulet, du poisson, le tout grillé ou en sauce. On pense tous prendre trois plats, las le grill n'est pas en route. Je me rabats sur un canard à l'ananas, façon chinoise, très bon.
Ensuite, les chinese-nets. Ce sont d'énormes filets, qui peuvent pivoter par rapport à une structure fixée au sol, que des hommes baissent et remontent régulièrement. Sitôt le poisson sorti, un attroupement se forme, probablement pour l'acheter. C'est donc vivant, et, encore une fois, c'est agréable d'être les seuls avec un appareil photo. Les Indiens, qui ont pour la plupart moins de loisirs que nous, prennent le temps de venir voir les curiosités de leur ville, le palais de Mysore illuminé le dimanche soir, la fontaine musicale de Coorg, le jardin des plantes de Bangalore, et bien sûr Marine Drive ou Juhu Beach chez toi.
Retour en train plus compliqué, car un billet acheté sur waiting-list n'avait été promu à une place fixe. On l'a revendu, pour acheter un billet pour la classe la moins chère, et c'est par terre que Bertrand a passé la majeure partie de sa nuit. Pas très bien, mais il a dormi quand même.
Voilà. On est rentrés du vert, dans une ville de Bangalore un peu anesthésiée par la pluie et le froid (une vingtaine de degrés au plus). Comme à Hampi, j'ai aimé voir la campagne, me reposer dans une endroit avec des rick-shaws moins nerveux. Et comme Hampi, c'est très beau. Le vert y remplace le beige, les cocotiers prennent la place des cailloux, la fraîcheur se substitue à la chaleur, et le tout se compile en un week-end bien rempli.
En espérant que tu as passé un bon week-end,
bisous,
Thierry"
"Bonjour Marine,
Comme demandé, voici mes impressions sur cet état, réputé riche et beau. Précisons d'emblée que le but n'est pas de te faire regretter quoi que ce soit, mais plutôt de décrire ce que peu ont la chance de voir, à savoir le Kérala, par beau temps en période de mousson. Dès que la pluie pointait le bout de ses gouttes, un toit nous abritait, que ce soit celui d'un restaurant, d'un magasin ou de l'hôtel. La mousson aidant, la nature était plus verte que jamais, enfin, c'est ce que j'imagine, puisque bien entendu c'était la première fois que nous allions au Kérala.Le premier jour, comme tu l'avais suggéré, rapide réservation d'une chambre d'hôtel, à Ernakulam, puis on saute dans un bus qui partait dans la seconde pour Allepey. Najat, qui remplaçait Elodie, prise finalement par une réunion à Bangalore, a pu s'assoir, Bertrand et moi nous somme adjugés les marches pieds. Pas très confortable, une vue imprenable sur la porte, mais on a pu discuter. Peut-être un jour n'aurons nous plus rien à se dire, mais ce jour n'est pas venu, et ne semble pas proche. Sitôt descendus du bus à Allepey, tout le monde nous saute dessus : "house-boat, backwaters, guide" remplaçait le légendaire "merci, chewing-gum, préservatif" adressé aux Marines américaines qui venaient nous délivrer du moustachu. A croire qu'il n'y a vraiment rien d'autre à faire dans ce bourg, pas si petit que ça. On rentre dans une officine, négocie péniblement, pour mieux engager un homme d'apparence simple, qui nous demandait moins. Nous voici dans sur les back-waters, réseau de canaux protégés de l'océan par une digue naturelle. Un bon terreau pour toutes sortes de plantes aquatiques, envahissant toute la surface aux alentours des villages, là où l'eau est sale. Et nous, toujours propres, partagés entre le contentement de vivre ce dont beaucoup nous ont parlé, et la peur que quatre heures sur un bateau, ce soit un peu long. D'autant plus qu'il n'est pas bien rapide, notre modeste convoyeur, le motor-boat, moins cher que son grand frère le house-boat, grosse tortue de mer, ou bateau du jeu Warcraft, c'est selon la culture.
Assez rapidement, on est pris par le calme, la sérénité des paysages. Un ciel sombre, beau, qui rejoint au loin l'eau et la terre, dont les couleurs se mélangent. Un ciel qui paraît plus fort que la terre, c'est rare. Parfois, on revient en Inde, quand un house-boat croisé par hasard nous klaxonne, ou quand ses passagers nous disent "bonjour", et jubilent quand on leur confirme que nous sommes bien français. Puis pause chez un habitant d'une île, qui affiche sur la carte de sa demeure "fish, chicken, prawn, duck". Bertrand n'en peut plus. S'il adore le poisson, le canard est sa vie. Instantanément se réflètent dans ses yeux des magrets, dorés à point. La viande arrivera, en sauce, trop épicée. Pas mauvais, mais tout de même décevant. Ils sont nombreux à habiter sur ces îles, à devoir prendre le bateau pour se rendre à la ville. C'est un peu pénible, mais il y fait moins chaud, nous dira un homme rencontré à la gare de bus.
Avant de rejoindre cette dernière, détour par la plage, au crépuscule. Là aussi, de la tranquillité, avec cette longue étendue de sable. Mais l'eau y est violente -un robuste Italien s'y est cassé la clavicule m'a-t-on prévenu, alors que j'allais me mouiller les pieds. Vraiment quelque chose d'impressionnant, ce ciel tout noir maintenant, ces vagues qui se cassent près de la plage, dans un bruit plus résonnant qu'assourdissant.
Retour en bus, mal assis sur près de la boîte de vitesse, à discuter avec un local, émêché et très sympa, qui nous a proposé de nous revoir le lendemain, mais aussi de nous de calmer notre faim, puis d'aller boire des margharitas chez lui. Une dosa (sorte de crêpe indienne, dans laquelle on mets des légumes ou des patates) d'accord, le cocktail non, on était fatigué, et surtout Najat est musulmane pratiquante. Le lendemain, pas d'appel de sa part, ce n'est pas grave, j'aurais passé un bon moment avec lui dans le bus.
Dimanche, réveil en douceur, puis Bertrand nous informe "ce week-end, j'ai envie d'acheter". Bateau direction le quartier juif de Fort-Kochi, on achète rapidement des singes en noix de coco, puis on passe presque une heure dans un grand magasin, où des habits poussiéreux sont empilés par taille. Le vendeur est très gentil, on lui achète dix items à nous trois. C'est une constante à Kochi, les marchands essaient de nous alpaguer, mais acceptent très bien qu'on dise non. Peut-être n'espèrent-ils plus rien en basse saison, ou peut-être sont ils plus avenants naturellement. C'est ce qu'on dit des Kéralais.
Fort-Kochi est assez charmante, allure de petit village européen. Quand tous les touristes sont là, ce doit être étouffant, mais là, c'est bien reposant, au contraire. On s'arrête aussi dans une galerie d'art, qui vend des jolies choses, un peu chères pour nos budgets. On y a croisé une Anglaise, et quel plaisir d'entendre leur accent mélodieux ! S'il est plus difficile à saisir que la version indienne ou américaine, il est beaucoup plus doux à l'oreille. A ce propos, j'aime aussi l'anglais qu'use Christelle, il sonne bien.
Repas gargantuesque dans un restaurant mignon, une grande terrasse couverte et ventilée, décorée simplement. Ils proposent sur leur carte des milliards de plats alléchants, du boeuf, du canard, du poulet, du poisson, le tout grillé ou en sauce. On pense tous prendre trois plats, las le grill n'est pas en route. Je me rabats sur un canard à l'ananas, façon chinoise, très bon.
Ensuite, les chinese-nets. Ce sont d'énormes filets, qui peuvent pivoter par rapport à une structure fixée au sol, que des hommes baissent et remontent régulièrement. Sitôt le poisson sorti, un attroupement se forme, probablement pour l'acheter. C'est donc vivant, et, encore une fois, c'est agréable d'être les seuls avec un appareil photo. Les Indiens, qui ont pour la plupart moins de loisirs que nous, prennent le temps de venir voir les curiosités de leur ville, le palais de Mysore illuminé le dimanche soir, la fontaine musicale de Coorg, le jardin des plantes de Bangalore, et bien sûr Marine Drive ou Juhu Beach chez toi.
Retour en train plus compliqué, car un billet acheté sur waiting-list n'avait été promu à une place fixe. On l'a revendu, pour acheter un billet pour la classe la moins chère, et c'est par terre que Bertrand a passé la majeure partie de sa nuit. Pas très bien, mais il a dormi quand même.
Voilà. On est rentrés du vert, dans une ville de Bangalore un peu anesthésiée par la pluie et le froid (une vingtaine de degrés au plus). Comme à Hampi, j'ai aimé voir la campagne, me reposer dans une endroit avec des rick-shaws moins nerveux. Et comme Hampi, c'est très beau. Le vert y remplace le beige, les cocotiers prennent la place des cailloux, la fraîcheur se substitue à la chaleur, et le tout se compile en un week-end bien rempli.
En espérant que tu as passé un bon week-end,
bisous,
Thierry"
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