dimanche 13 juillet 2008

Calcutta

Nous voici à Calcutta. Le début d'e notre voyage long d'un mois et demi. Mais cette ville a aussi été le début d'un autre voyage, d'une ampleur et d'une longueur toute autre. Celui des Brits en Inde, chapeaux coloniaux sur le chef contre l'agresseur soleil, fusil à l'épaule contre l'agressé tigre du Bengale. D'un village ils ont fait leur première capitale, au sein du grand état bengali tantôt conquis. Leur présence est donc visible, du Victoria Memorial aux statues de colons, de la réplique de Saint Paul's Cathedral au lait dans le thé. Et, comme de bien entendu, les bâtiments de certains quarties sentent la viande bouillie. Ils ont une stature bien plus digne d'un deuxième ligne roux que d'un gringalet indien. Ces bâtiments sont pourtant des colosses à la façade d'argile. Il faut savoir que le West Bengal élit le parti communiste depuis trente ans. Les loyers ne sont pas libres, donc les propriétaires n'ont pas les liquidités nécessaires pour payer les rénovations. D'où les façades littéralement décrépies, si ce n'est pire. La pauvreté ne se limite pas aux immeubles. Les mendiants sont nombreux, les petits boui-bouis aussi. Les rick-shaws non motorisés sont légion. Tractées par un vélo, passe encore. Par un homme fin, vieux, mais tout en muscle, moins. Faut être indien pour accepter se faire tirer par ces hommes là, qui, sûrement, mourraient s'ils n'avaient pas ce gagne maigre-pain.
Pourtant, l'influence rouge n'est pas toute noire, et la nouvellement nommée Kolkata ne se résume pas à ses anciens mouroirs. Après Bangalore et surtout Bombay, un visiteur humera un souffle d'égalité, des contrastes moins piquants. Par exemplt des prix corrects, 1€50 le plat à peu près. Cette "normalisation" est très agréable. D'autant plus qu'à Calcutta, les passants paraissent plus nonchalants, les marchands attirents moins vigoureusement le client. Ils sont peut-être moins riches que les commerçants marathis (du Maharasthra, l'état de Bombay), oui, mais ils ont la main mise sur la culture indienne. Bombay, c'est Bollywood, le cinéma de masse, les films hindiphones à l'eau de rose qui amassent des millions de roupies. Calcutta, les films bengaliphones qui plaisent plus en Europe qu'aux mangeurs de piments, les queues à quatre heures PM devant les spectacles de danse.

Nous avons donc beaucoup apprécié cette ville. Pourtant, pas grande attraction touristique. Quelques gros monuments de marbre, un palais extravagant, empli jusqu'à plus soif d'objets Renaissance italienne, un fleuve pas trop dégueu, un marché aux fleurs boueux mais sympathiques. Ah oui, un grand parc aussi, ancien champ de tir d'entraînement de l'armée coloniale. Les footballeurs remplacent les fantassins, les adee, même les restaurants AC (climatisés) se font discrets, sans devanture tapageuse. Et proposenptes du cricket se font aussi rares que les Coëteux pas racistes. Et aussi un zoo, où on a pu observer la triste déambulation de tigres dans leurs cages, tel Koju dans une salle de marché. Bon, ils étaient un peu plus grand que ce dernier, haut comme des veaux, fort comme des buffles. Impressionnant. Juste une atmosphère particulière, une ville qui vit malgré la mousson qui guette. Beaucoup de magasins de rue, des CDs, du thé ou des petits gâteaux, une foule dense et joyeuse. La journée, j'entends. Car petit à petit, loup après chiens, le quartier de notre hôtel se transforme. Les femmes se font absentes, les vendeurs de rues aussi. Tous sauf une tribu, qui résiste vaillamment à l'arrivée des fantômes. J'ai nommé les vendeurs de marijuana, aussi actifs que les taupes marxistes au PS dans les années 70. Pas de signes discrets pour ne pas être repérés, non, tout ça c'est bon pour ceux qui ont peur. Certains, même, n'hésite pas à prendre une bonne bouffée de leur confection maison pour nous montrer de la qualité. Sans succès, je peux rassurer nos grand-mères respectives.

Bref, cette ville, c'est Marseille, c'est Naples, c'est selon.

Ce soir, train de nuit pour Darjeeling.

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