dimanche 9 novembre 2008

Amérique des villes et Amérique des champs.

Si Obama a résisté plutôt pas mal dans les campagnes, c'est aux villes qu'il doit sa victoire. Dans plusieurs Etats clés les écarts entre ses scores entre les villes et les campagnes sont saisissants.

Dans le Colorado Obama fait plus de 70% à Denver et à Boulder et y totalise 200 000 voix d'avance sur son rival (sur l'Etat il a à peu près... 200 000 voix d'avance).

A Philadelphie, un score soviétique de 83% pour Obama, avec au passage 460 000 voix d'avance. Difficile pour McCain de gagner la Pennsylvanie dans ces conditions: même s'il remporte la plupart des comtés ruraux, le retard cumulé de plus de 600 000 voix accumulé dans la région de Philly se traduit par un retard de... 600 000 voix.

En Virginie, le Démocrate ramasse la totalité de ses 230 000 voix d'avance dans les faubourgs de Washington DC (de l'autre côté de la rivière Potomac), ramasse aussi 80% dans la capitale de l'Etat -- Richmond. Cela, et sa victoire dans le port de Norfolk contrebalancent le vote de l'intérieur des terres.

Tout cela pour montrer le fossé croissant entre une Amérique urbaine (souvent plus cultivée) et une Amérique rurale, qui bon, connaît sans doute la Genèse mieux que moi. L'une vote très démocrate, l'autre très républicain. En fait cela fait sans doute longtemps que c'est vrai, mais c'est G Deubeuliou Bush qui a fait exploser cette tendance. Cela lui a permis de faire un tabac et les Réublicains sont passé de 39 millions de voix en 1996 (Bob Dole) à 50 millions en 2000 puis 62 millions en 2004. Les Démocrates ont eu beau gagner des voix d'une fois sur l'autre (de 47 M en 1996 à 50 M en 2000 et 59 M en 2004, merci wikipédia), ça s'est révélé un peu cours.

En fait Bush faisait la différence dans les "suburbs" car il jouait sur les peurs et dans ces zones résidentielles on est très peureux (source: Jean-Marie Le Pen, 2002). Ainsi, s'il était distancé dans les villes elles-mêmes, il se rattrapait dans ces banlieues en plein boom puisqu'à ce moment là les subprimes étaient un produit financier noté AAA qui permettait d'acheter une maison. Cela donnait une certaine modernité à son électorat: il a remporté 97 des 100 comtés qui connaissaient la croissance démographique la plus rapide (source: je sais plus).

Une crise financière plus tard, les Républicains ne sont plus prédominants dans ce type de secteur. Et ils n'existent toujours pas dans les comtés universitaires. Quand aux cités, elles ressemblent de plus en plus à des zones de parti unique. L'adhésion massive envers les démocrates n'y dépend même plus tant des couches sociales. Un exemple: New York où Obama ramasse 85% dans Manhattan, 88% dans le Bronx et plus de 74 % dans le Queen's et à Brooklyn. Il fait aussi des scores énormes dans le Nord du New Jersey, qui appartient à l'agglomération de New York. C'est un peu comme si toute l'agglomération parisienne se reconnaissait dans un seul candidat: voit-on le 16e (dans le rôle de Manhattan) et Argenteuil (dans le rôle du Bronx) se ranger derrière un seul parti?

Les Démocrates sont désormais (très) majoritaires dans tous les centres où s'imagine l'avenir économique et culturel du pays. Tant que les Républicains représentent des valeurs qui sont déconnectées de celles de ces centres, ils auront sans doute du mal à faire voter pour eux en jouant non pas sur les peurs mais sur les espoirs des gens. En tout cas le "maverick" qu'est John McCain n'a pas su y faire exception en 2008.

1 commentaire:

bertrand a dit…

A quand un autre article, c'est intéressant !!
J'espère avant les élections de 2012.